(tamika), old wounds.

La journée qui commençait était semblable aux autres. La grisaille et le froid s’étant répandus sur la ville de New-York aurait pu pousser Joel a rester au fond de son lit. Mais ses nuits étaient souvent rythmées par les cauchemars, souvenirs des nuits d’horreur dont il n’arrivait pas à se défaire. Il était toujours levé aux aurores, le blond, voire même avant que le soleil ne pointe le bout de son nez. Il avait préparé le petit-déjeuner pour Nova, avant que cette dernière ne soit réveillée, avait eu le temps de prendre une bonne douche avant d’aller chercher la petite. Puis, ils avaient passé un peu de temps ensemble, avant qu’ils ne quittent leur appartement. Il devait la déposer chez la nourrice avant d’aller au travail. Il commençait assez tard aujourd’hui, mais n’avait pas envie de chambouler la routine de sa fille. Elle était petite et avait encore besoin de garder le même rythme, jour après jour. Peut-être qu’il en avait besoin aussi, comme si ritualiser sa vie lui permettait d’éloigner un peu ses démons. Toujours les mêmes activités, toujours aux mêmes heures comme pour rester solidement accroché à quelque chose. Idiot peut-être, mais nécessaire. Alors, il avait déposé Nova, puis il était parti en direction du café où il se posait presque tous les matins.

Le neko café, ça lui correspondait plutôt bien. Surtout depuis la mort de Moira. Il avait l’impression qu’il avait plus de facilité à tisser des liens avec les animaux qu’avec les êtres humains, depuis qu’il avait perdu sa femme. Il avait déjà préféré les animaux à la plupart des êtres humains avant ça, mais c’était d’autant plus marqué aujourd’hui. Les animaux n’organisaient pas une fois par an une nuit pendant laquelle ils pouvaient s’entretuer sans raison. Même les plus sauvages tuaient pour quelque chose, se nourrir, défendre leur territoire. Toujours une bonne raison, pas le simple plaisir de massacrer les leurs. Les humains étaient détestables dans le fond. Lui comme les autres. C’était agréable alors, de siroter un café bien chaud, entouré de chats. Il se sentait en bonne compagnie au moins. Il serait bien resté un moment dans ce café à jouer et caresser les chats qui venaient vers lui, mais il allait bien falloir qu’il aille bosser. Il avait d’autres animaux dont il devait s’occuper. Il serait sans doute en avance, mais tant pis, il trouvera bien un moyen de tuer le temps. C’était la conclusion à laquelle il était arrivé en quittant sa chaise, après une dernière caresse au chat qui était venu s’installer à ses côtés. Il avait fait quelques pas dans le café qu’il se retrouva nez-à-nez avec un visage familier. Tamika. Il ne l’avait pas vue depuis un moment. Sans doute depuis la purge de 2022. Plus d’un an maintenant. Cette purge au cours de laquelle il avait perdu le contrôle Joel. Il ne ressentait que la haine et la douleur depuis un an. Il avait cru que se débarrasser de l’assassin de sa fiancée y changerait quelque chose. Est-ce que c’était le cas ? Absolument pas. La douleur était toujours présente, la haine aussi. Mais venait s’y ajouter une lourde charge de culpabilité et de dégoût. « Hey. » Il lança timidement à l’adresse de la jeune femme. Cette fameuse purge était peut-être aussi le point de non-retour dans leur relation à tous les deux. Parce qu'il était allé trop loin, Joel. Il le savait bien. « Ça fait un moment … » Il commenta, se sentait vraiment maladroit. Il devrait peut-être repartir causer avec les chats, il s’en sortait mieux avec eux. « Tu vas bien ? » Il demanda, sans savoir où ce début de conversation allait pouvoir les mener, sans être même certain que Tamika ait vraiment envie de lui parler.