midnight rain (alrich #1)

ulrich n’a jamais été un grand fêtard, ni un énorme buveur. pourtant, il arrivait souvent à donner l’impression du contraire. peut-être parce que la plus faible et douce des liqueurs avait le pouvoir de l'envoyer dans un état second, ou peut-être parce que la pensée seule de la nuit du vingt-six novembre dernier suffisait à le replonger dans une euphorie quasi incontrôlable. alors il traîne un peu des pieds en arrivant, un désintérêt pas dissimulé, se demandant dans quel genre d’endroit ses amis l’avaient encore amenés, mais il finit éventuellement par se détendre, peut-être même un peu trop sachant là où il se trouvait. les coudes enfoncés dans le bar, ulrich plonge sa fatigue dans la paume de ses mains alors qu’il tente avec autant de bien que de mal de faire taire ses pensées qui se font de plus en plus bruyantes et envahissantes. tirant maintenant sur ses paupières, il essaye de réfléchir au nombre de verres qu’il a ingurgité depuis le début de la soirée alors qu’un visage étranger le tire violemment de sa réflexion, en plus de le faire sursauter, et de rapprocher dangereusement ses deux sourcils l'un de l'autre. le néerlandais soupire, pas ce soir, n'essaye pas non plus de faire preuve d'un peu de chaleur : il montre les crocs, comme un chien qui défendrait son territoire, à savoir son espace vital. mais ça ne semble pas le repousser, au contraire, ce mystérieux brun s’avance davantage, une expression qui tique la curiosité du blond sur le bout de ses lèves et qui le fait battre des cils alors que ses pieds reculent. – qu’est-ce que tu me veux ? je prend pas de photos ce soir, désolé. partout où il allait, il croisait des fans, alors ici ? ça ne l'étonnait même pas un peu. mais ulrich n'a jamais cherché à parfaire son image, et quand il ne voulait pas, il ne voulait pas.

Álvaro a pour habitude de se rendre dans la boîte-même, et se poser au bar ou sur un siège. Ainsi il était plus simple pour lui de surveiller ce qui pouvait se passer. Il pouvait le faire via ses caméras implantées dans tout l'établissement, mais il pouvait toujours raté quelque chose. Préférait profiter de la musique et des compagnies que son club offrait. Connaissait ses clients réguliers et distinguait rapidement lorsqu'il y en avait de nouveaux. Tout comme ce joli blond qui était arrivé en groupe avec des amis. Ne jamais refusé un groupe d'hommes car il sait que l'alcool peut vite être consommé. L'effet de groupe n'étant pas forcément une bonne chose, mais ça ramenait à l'espagnol alors il en profitait. Avait laissé un peu de temps au blond, légèrement à l'écart de son groupe, avant de se décider à venir vers lui. Pour lui souhaiter la bienvenue, mais aussi tout simpement tenter une approche. Totalement à son goût, il ne pouvait pas le laisser repartir aussi vite et facilement. Lui qui n'a jamais essuyé un refus, ne se voit pas le vivre ce soir. Etrangement, il a toujours réussi à approcher des hommes du même bord que lui. Ou alors, est-il juste très convaincant. Je n'ai pas besoin de photos... Certes, ne comprit pas cette histoire de photos, mais il alla dans son sens. Alors que j'ai toutes ces caméras pour te revoir si je le souhaite. Cela était étrange, oui. Mais il se voyait très bien le faire pour revoir le visage du blond qu'il trouvait encore plus beau de près. Discerna même de jolis beaux yeux bleus alors que la lumière l'illuminait. Posant un bras sur le bar, fit un signe au barman pour lui demander deux coupes de champagne. En attendant d'être servis, il se rapprocha de ce bel inconnu et lui dit, alors que son corps était plutôt proche du sien. Après ... tout dépend de quelle nature de photos tu parles... Ne dirait certainement pas non pour des photos dénudées, ne pensant pas une seule seconde qu'il avait affaire à une célébrité. Ne se doutait pas qu'il parlait surement plus de selfie qu'un autre type de photo.

ulrich sentait que l’homme était étrange. il n’aurait pas cru à ce point, ni de cette manière. son menton se redresse et sa mâchoire se serre, à la recherche de ces fameuses caméras, sans succès, sa vision floue plus handicapante qu'elle ne lui paraissait jusqu'alors. un agent de sécurité ? il regarde autours de lui. non, impossible. pourquoi lui offrir un verre dans le cas contraire ? le blond s'empresse d'ailleurs de refuser celui qu'il essaye de commander à sa place d'un geste de la main et d'un hochement de la tête, sait-on jamais. – je bois pas. en tout cas, pas avec un tordu comme toi. le néerlandais n'a jamais eu l'effroi facile, il était pilote de formule 1, mais la réponse de son interlocuteur était tellement singulière qu'il commençait à être davantage concerné que curieux. l'idée que cet inconnu puisse être le propriétaire des lieux lui échappe complétement, celle qu'il ait autant de mystère à ses yeux que lui en avait pour les siens encore plus. – t'es vraiment chelou mec, et avec ça, il recule d'un nouveau pas, voyant le brun dangereusement se rapprocher et colorier ses joues d'un rouge encore plus intense et sanglant que le précèdent. – pardon ? il avait dû mal entendre, ou comprendre, ce à quoi l'espagnol faisait référence. ça lui arrivait souvent d'être victime de rentre-dedans, mais pas d'homme, et pas aussi bizarrement. l'alcool lui jouait sans doute des tours. – t'as fumé ou quoi ?

Álvaro semblait avoir jeté son dévolu sur l'homme. Les regards vers le blond, il ne semblait pas être le seul à le dévisager et à s'imaginer terminer la nuit avec. Ou du moins, c'est ce qu'il pensait. N'imaginant pas une seconde qu'il était face à une célébrité du motorsport. Il s'agissait là d'un sport qui n'intéressait nullement l'espagnol.  Tu bois pas. Se mit à rire. Il n'y croyait pas un mot. L'inconnu semblait avoir bien bu avant de venir ici. De quoi avait-il peur ? Il but les deux verres qui leur avaient été seervits d'une seule traite. Lui montrant ainsi qu'il n'y avait rien de suspect dans sa boisson. Il regardait son client, sans pour autant lui dire qui il était. Les deux ne semblaient pas savoir qui était l'autre, et ce petit jeu lui plaisait. Voulait tenter d'attraper cet homme sans qu'il ne sache qui il était. Bien qu'il ne semblait pas encore très réceptif, il acceptait le challenge. Continuait à l'écouter tout en réfléchissant à la tactique dont ill avait à utiliser. Le but n'étant pas de le faire fuir. Je ne fume pas. Posa son regard dans le sien. Tu me penses encore plus chelou si je te demande de m'accompagner dans ma suite ? Semblait avoir oublié qu'il ne voulait pas le faire fuir. Mais l'espagnol est ainsi, un peu trop direct. Les regards insistants des autres personnes dans le club commençaient à agacer le propriétaire. L'inconnu était à lui. Se rapprocha rapidement, effleurant sa main avec la sienne et rajouter. Ou tout simplement parler à l'abri des regards ?

– je bois plus, le blond se corrige immédiatement. il en avait suffisamment fait pour ce soir. le rire d'álvaro n'est pas communicatif, lui arrache un froncement plus évident alors qu'il regarde les deux coupes de champagne se vider dans sa gorge, las. si seulement il n'y avait que ça... ulrich est loin, si loin, d'être impressionné un tant soit peu par sa prise d'initiative qui se voulait pourtant rassurante. ses opales roulent pour réagir à son écart. – c'est une façon de parler... si en plus il ne maitrisait pas le second degré, ça risquait d'être compliqué. finalement, il ose lui rendre son intérêt, laissant l'azur de son bleu se mélanger avec le perçant de son brun. c'est un bel homme, pas le genre exact avec lequel il avait l'habitude de coucher mais qui aurait sans doute pu le convaincre dans d'autres circonstances, et avec des paroles différentes. ulrich est presque contraint de s'offusquer tant sa demande est déplacée. – t'es sûr que tu fumes pas ? pour qui est-ce qu'il le prenait ? un homme facile ? un homme gay ? la grimace qui déforme les traits de son visage en dit plus qu'il ne le laisse entendre et alors que le néerlandais remarque enfin les regards intrusifs du public, il recule au rythme du rapprochement qu'essayait de lui imposer l'inconnu dont il n'avait toujours pas le prénom, ni le nom. – me touche pas, il souffle en se frottant le tour du poignet. – je suis pas de ce bord, je vois pas de quoi on pourrait potentiellement parler. ulrich ne pouvait pas faire plus clair que ça, ses sourcils s'haussent et ses pupilles se dilatent alors qu'il attend que l'homme rebrousse le chemin.

Et c'est tout à ton honneur. Pas son genre non plus de profiter de personnes complètement bourrées. Préférant que ses amants puissent se rappeler du moment partagé. Il n'avait pas souhaité bourré l'inconnu, simplement partagé un verre. Mais s'il jugeait qu'il s'agissait du verre de trop, il n'allait pas le forcer. Il mettait d'ailleurs les clients ayant trop bu dehors, ne voulant pas des gestes trop déplacés envers son personnel. Oui certain. Et encore une fois, ne comprenait pas la subtilité du second degré de l'inconnu. L'espagnol buvait peut-être, mais ne touchait pas aux clopes et encore moins à la drogue. Le blond attisait davantage la curiosité de l'espagnol, pas habitué à ce qu'on lui réponde de la sorte. A ce qu'on lui dise non. A ce qu'il se trompe sur la personne. Leva alors les deux mains pour lui montrer qu'il ne le toucherait plus, s'il n'en avait pas envie. Reculant d'un petit pas, ne coupa pas le eye contact avec lui. Pas besoin d'être de ce bord... reprit-il ses mots, pour continuer pour tout simplement parler et passer un bon moment. Tenta-t-il alors une nouvelle approche. Tes amis ont l'air de passer un bon moment, eux. En oubliaient-ils presque la présence de l'inconnu, le laissant seul au bar. De quoi aurais-tu besoin pour passer un bon moment ? Il parait que le propriétaire est assez à l'écoute des besoins et envies de ses clients. Non, il ne lâchait pas l'homme. Voulait en savoir plus, sur lui, ses envies et besoins comme il l'avait mentionné.

il a du mal à cerner la personnalité extravagante qui lui fait face. c’est un peu déstabilisant, pour ne pas dire effrayant, parce qu’ulrich n’a pas peur, n’a jamais peur, et certainement pas de quelqu’un comme lui. est-ce qu’il avait vraiment envie de passer un bon moment, qu’il soit platonique ou non, avec álvaro après toutes les choses étranges qu’il lui avait dites ? pas vraiment, mais foutu pour foutu, le blond finit par baisser sa garde et laisse sa structure doucement, mais sûrement, se décontracter dans un soupir. il sentait que peu importe ce qu’il faisait, ou disait, le brun camperait sur sa position. – ouais, un gloussement s’échappe de sa gorge pour la première fois de la soirée alors que son attention se disperse vers là où il avait abandonné ses amis, ulrich se rappelant dans son court moment d'inattention qu’il s’était initialement échappé pour reprendre ses esprits, et non pas pour se faire interviewer en moyenne possession de ses sens par le premier venu. – mais t’es qui toi en fait ? il finit quand même par demander du but en blanc, interrogé par l’implication de sa remarque. – tu travailles ici ? tu sais, si j’avais vraiment besoin d’aide c’est pas toi que je serai venu voir. il réplique en roulant des yeux, relaxé mais pas complètement obnubilé, ne comprenant toujours pas ce qu’il avait bien pu faire pour susciter à tel point sa curiosité et son intérêt.

Il s'y était surement mal pris avec le jeune homme. Mais ne l'avouerait jamais. Dans un coin de son esprit, pensait encore avoir une chance avec lui, sans expliquer pourquoi, il sentait qu'il arriverait à l'avoir ce blond. Peu importe comment ni quand et encore les moyens qu'il y mettrait. L'homme était devenu un objectif pour l'espagnol. Ni plus ni moins. Un but à accomplir : l'avoir dans son lit, ou contre un mur, peu importe. Il trouvait cela même davantage excitant qu'il lui résiste. Il sortait du lot, ce client était spécial. Il le sentait, au plus profond de lui. Pourtant sa façon de parler et sa manière d'être aurait du agacer l'espagnol. S'il n'était pas si attiré par lui, aurait très probablement trouvé une excuse pour le mettre dehors et lui interdire un retour dans sa boîte. Peu importe qui je suis. Je peux être qui tu veux. Petit sourire. Encore une fois, ce n'était surement pas la réponse que souhaitait avoir le client mystère, mais l'espagnol n'allait pas cracher la vérité si facilement. Ah oui ? Et qui serais-tu allé voir ? A ces mots, colla son dos contre le le bar, y déposa ses deux coudes pour faire face à la salle remplie, mais pas bondée. Curieux de savoir vers qui le blond serait allé. Un homme, une femme ? Le barman ? Une danseuse ? Ou encore un des videurs ? Curieux de savoir qui attisait la confiance de cet homme, plus ou moins difficile à discerner, mais dont il appréciait déjà la compagnie.

la question était pourtant claire, ulrich ne comprenait pas pourquoi son interlocuteur tournait encore autour du pot. il n’allait pas faire semblant de réellement s’y intéresser si c’est ce qu’il attendait pour cracher le morceau. – qui je veux, vraiment ? ça a l’air de l’amuser. le néerlandais ne le souligne pas, replonge son visage dans ses mains qu’il frotte avec insistance, s'impatientant, laissant une trace rouge sur sa joue avant de demander un verre d’eau au barman. il espérait que le breuvage cristallin lui permette de retrouver la vue, au moins pour quelques minutes, qu’il arrête de laisser ses yeux se reposer sur la silhouette de l’espagnol plus de cinq secondes en trop à chaque fois qu’il s’adressait à lui, qu’il arrête surtout de donner l’impression qu’il était un tant soit peu intéressé, parce qu’il ne l’était pas. – peu importe qui, il commence en reprenant lui aussi ses mots, – tu peux être certain que t’aurais été le dernier des derniers. il amène cette fois-ci le contact physique après le lui avoir pourtant refusé quelques secondes auparavant, se rapprochant d'álvaro et serrant doucement son l’épaule entre ses phalanges, comme pour le réconforter, comme s'il en avait quelque chose à faire de la manière dont il pouvait essuyer son échec qu'il ne semblait en tout cas pour le moment pas décidé à avaler.

La conversation ne prenait pas du tout la tournure que souhaitait le brun. De sa faute. Décidemment, il aurait surement dû l'accoster d'une autre manière. Ca lui apprendra à pener qu'il peut avoir qui il veut, bien qu'il n'apprendra pas de son erreur. Il voyait tout cela comme un jeu. Sourit à l'idée de pouvoir être celui que voulait l'inconnu, mais ne semblait être que le seul à s'en amuser. Il faisait totalement fausse route avec le blond et le comprit surement trop tard. Ne se préoccupait pas tant que ça de ce que pouvait penser le blond à son sujet. Ca l'embêtait juste de ne pas avoir réussi à attiser un semblant du curiosité ou d'intérêt. Il pensait alors que le jeune homme passerait les portes de son club pour ne plus jamais y remettre les pieds. Et ça l'emmerdait. Sortant une carte de sa poche, prit la main de l'inconnu pour la lui déposer. Si jamais tu as besoin de parler au dernier homme vers qui aller. De sa main ferma la sienne pour être certain que la carte reste à l'intérieur de celle-ci. Puis vint poser sa main sur son torse et la laisser glisser jusqu'à clavicule et son épaule qu'il serra légèrement avant de la tapoter de deux coups et partir. Premier échec, ne le montrait pas mais était abattu de l'intérieur. Il n'aurait plus que ses yeux afin de l'observer à travers ses caméras. Cet inconnu dont il a oublié de lui demander son prénom. Ne lui restait plus que ce fin espoir qu'il l'appelle ou qu'il lui envoie un message, un jour.