que vos cœurs sont heureux puisqu’ils sont insensibles (kayne)

Justice qui demande réparation, Aedan ne s'est pas lancé par hasard dans les forces de l'ordre, désir flagrant de réparer les torts du passé et de signer carte blanche sur les crasses qui l'ont terrassés. Il a pourtant été de l'autre côté, il y a de ça de très nombreuses années, jeunesse qu'il a subit plus que choisi mais les vols étaient dans son quotidien. Aujourd'hui, il a tiré un trait sur tout ça, son ancienne identité qu'il garde secrète par crainte d'être jugé ou pire, viré. Casier judiciaire qui n'est pas si vierge qu'il n'y parait, il a juste eu la chance de ne jamais se faire attraper gamin. Il traine dans le service, dossier qu'il doit récupérer à la photocopieuse quand il repère un visage jusqu'à lors inconnu. Aedan fait parti du service depuis maintenant quelques années et semble reconnaitre chaque officier. Lui, n'en fait pas partie, c'est une certitude profonde qu'il ressent dans son coeur. Puis l'type en question semble en pleine quête, fouinant du regard dans la pièce comme si ça allait lui apporter des réponses.

Un air calme et froid plaquer sur le visage, les bras qu'il croise contre sa poitrine, il se dirige d'un pas rapide en direction du jeune homme. Quelque chose dans son regard qui sonne familier mais il ne parvient pas vraiment à mettre le doigt dessus. La dernière fois qu'il a eu cette sensation, il a retrouvé une figure du passé. Comme si celui là revenait pour le hanter ces temps ci. Une fois arrivé à son niveau, iris sombre qui se plante dans les siens, il assène d'une voix rauque : je peux faire quelque chose pour vous ? demande qui semble rhétorique puisqu'il y a comme une lumière rouge qui s'élève au dessus de son crâne pour lui dire qu'il doit s'alarmer sans vraiment savoir pourquoi. Méfiant, les sourcils qui se froncent. vous avez l'air de chercher quelque chose, ou quelqu'un. Il reste là, prêt à intervenir en cas de besoin. Aedan est un homme agile et paré à toute éventualité, un homme de terrain qui a fait ses preuves au sein de l'unité. Et s'il n'est pas le plus loquace -et donc par extension qu'il n'a pas une foule d'amis dans ses collègues-, chaque personne présente ici pourra attester du fait qu'il est un excellent policier.

Tu n’as pas tenu bien longtemps. Il a suffit qu’Ophelia parle de ce type, ce collègue, avec qui elle a couché, pour que tes tripes se retournent et serrent comme s’il s’était passé quelque chose de grave ou de dangereux. Tu l’as écoutée, pourtant, te dire ça sur un ton mal à l’aise, te rappeler combien elle a toujours mis une limite entre elle et le boulot. Tu aurais peut-être dû simplement te fier à ce qu’elle expliquait, et puis lui faire confiance aussi, pour se défendre… mais non. Tu as vu bien trop de souffrance chez cette femme quand elle a été agressée pour détourner les yeux. Et puis la jalousie t’a piqué le cul aussi. Alors, l’air de rien, tu as pris ta moto ce matin pour aller au dernier endroit où tu aimerais aller : un putain de commissariat.

T’es en train d’épier les types qui vont et viennent dans le hall du bâtiment avec un regard de vautour. Tes mains sont profondément enfoncées au fond de tes poches de jean, et tu as remonté la fermeture de ta veste en cuir jusqu’en haut de ton cou, comme on enfile une armure. Tu observes les mouvements, les badges, les visages. Tu cherches celui dont tu ignores tout ou presque. Dur de tomber sur un inconnu, mais tu n’as pas réfléchi avant de venir. Pas plus que lorsqu’une voix te prend de cours et te fait tourner la tête d’un coup. Un flic te parle. En même temps, dans un nid à flics, fallait bien qu’il y en ait un qui fasse son job, nan ?

« Ouais, j’imagine. Que tu réponds à sa question, en observant le nouveau venu avant qu’une bouffé de malaise ne monte en toi. Ouais, en fait, je cherche… Tu t’arrêtes. Tu peux pas vraiment dire que tu cherches un type qui a couché avec ta flic de meilleure amie, hein. Tu peux pas réclamer Ophelia, à moins de prendre le risque que ton interlocuteur ne t’amène à elle et et qu’elle découvre que tu fouines sur son lieu de travail. Alors à la place, tu lâches la première idée débile qui te passe par la tête. On a caillassé ma moto, je veux déposer une plainte. »

Wow, c’est complètement con ça. Encore plus que la Yamaha est garé à une rue de là, dans un parfait état et brillante de propreté. Tu viens écorcher ton pouce avec l’ongle de ton index, nerveusement, avant de ramener tes yeux sur l’homme qui te fait face. Et tu t’arrêtes à ses yeux, cette fois-ci. Tu t’y perds pendant quelques secondes, avec la drôle de sensation de repartir en arrière. Tes sourcils se froncent, ta tête se penche sur le côté.

« On s’connait pas, toi et moi ? Que tu finis par demander, en oubliant la politesse et où tu es. Tu te secoues un peu, comme si tu essayais de te reprendre. Vous prenez ma plainte ou j’dois casser les pieds de tout le service, du coup ? »

Brusquement, tu oublies un peu ce que tu es venu chercher. Tu veux déjà comprendre qui est ce type, et ensuite tu chercheras le fameux collègue d’Ophelia.

Y'a comme un quelque chose de malaisant qui règne dans l'atmosphère depuis qu'il est entré dans la pièce. Aedan ne saura dire pourquoi mais il a l'intime conviction que ce type va devenir un véritable nid à problèmes. Et encore, il est loin du compte, loin de se douter qu'ils se sont rencontrés, il y a de ça quelques années. Pour enrayer le mal, il s'emploie à le faire fuir avec des questions intrusives. De celles que les policiers adorent prononcer. Avec cet air hautain sur la gueule et une arrogance dépeinte sur le visage, la réponse tombe. Pas celle escompter. Il va maintenant devoir s'ajouter un dossier à la pile déjà trop haute. Ou alors il refourgue ce cas pratique à quelqu'un d'autre. Ils ont pas un stagiaire qui traine dans le coin en ce moment ? votre moto ? Vous avez des preuves ? Des pho... qu'il commence par dire mais le type en face de lui vient l'interrompre dans son questionnement pour lui poser une seconde question. Une qui n'a absolument rien à voir avec sa présence ici. Une qui le met terriblement mal à l'aise. je doute qu'on se connaisse. qu'il précise, dédaigneux à souhait, il doit bien l'admettre. Il n'aime pas ce type, quelque chose le dérange et prendre sa plainte sera un excellent moyen de fouiner un peu. Il obtiendra de cette façon les informations principales le concernant.

Alors sans attendre et même prendre la peine de répondre, il invite Kayne à le suivre jusqu'à son bureau à quelques mètres de là d'un signe de main. Le sourire aux lèvres, il demande : nom, prénom, date de naissance. La froideur qui émane de sa personnalité le laisse glacial. Il donne souvent cette impression de n'en avoir rien à faire de vous. C'est d'ailleurs un reproche que la direction lui a souvent fait lorsqu'il recueillait les dépôts de plaintes. Mais avec lui, on s'en fiche non ? vous étiez là quand c'est arrivé ? qu'il ajoute en continuant de taper ses informations sur son ordinateur. Il se chargera un peu plus tard de fouiner pour obtenir un profil plus général de ce type. En espérant ne pas laisser partir un potentiel sociopathe. C'est arrivé où ? Les questions usuelles, celles qu'il prononce assez fréquemment pour les connaitre sur le bout des doigts. Et bien sur, il finira par lui demander s'il est venu avec la bécane en question et s'il est possible de jeter un coup d'œil pour prendre quelques photos afin de finaliser le dossier. Alors s'il veut changer sa version et éviter de se retrouver face à un autre type d'interrogatoire pour avoir mener un faux témoignage, il est encore temps de le faire.