surprise (joel)

Plusieurs semaines que son frère est un fantôme, enfin plusieurs années quand on y songe, l'ombre de lui même suite à la perte de celle qui couvrait ses nuits de bonheur. L'homme souriant et comblé qu'il était s'est transformé en quelque chose que Mael ne saurait décrire. Sans doutes qu'il ne peut pas comprendre parce que lui même n'a jamais subit la perte d'un être cher. Enfin y'a bien sa mère qui l'a évincé cordialement de son existence lorsque le divorce a sonné la fin d'une histoire d'amour enterrée depuis longtemps. En dehors de ça, il peut s'estimer chanceux, foutue purge qui ne lui a jamais enlevé personne. Détresse qu'il perçoit au travers de ce regard triste. Ce matin là, aux alentours de 11h, il se lève, café qu'il porte à ses lèvres avant d'prendre la décision de lui rendre visite. Pas invité, il ne prend pas pour autant la peine de lui envoyer un message pour confirmer qu'il est le bienvenue. Il prend la route au volant de son bolide à pédale, deux roues qu'il maintient en vie depuis l'adolescence et qu'il ne troquerait pour rien au monde. Il s'arrête devant un restaurant asiatique et fait un pèle mêle de différents plats avant d'les fourrer soigneusement - ou presque- dans son sac à dos. Personne ne dit non à un bon plat cuisiné.

La route est plutôt rapide entre leurs appartements et il accroche son vélo sur le côté, antivol qu'il place assez négligemment. Il tombe sur une voisine qui lui tient la porte et le laisse entrer à l'intérieur du bâtiment. Les marches qu'il grimpe une à une jusqu'au quatrième étage de l'immeuble pour finalement arriver avec ce sourire enfantin devant la porte de son demi-frère. -lui qui avait fait preuve d'une patience incroyable à l'adolescence alors que Mael traversait une phase difficile de rejet-. Poing qui se serre pour frapper la porte avec assez de véhémence pour que Joel l'entende. Il est même possible qu'il ne soit pas présent. C'est le risque quand on ne prend pas la peine de s'annoncer avant de venir. Mais non. Son petit bout de nez fini par se pointer. salut Jo. Son prénom qu'il a toujours décomposé en deux partie Jo-El. Comme dans son superman, l'addict de comic book s'est toujours beaucoup amusé de cette particule. Jo-El et Ma-El, prêt à combattre ce petit monde des méchants. La réalité les avait malheureusement rattrapé depuis. Parce que la vie ne ressemble en rien à celle que l'on lit dans les livres de super-héros. Ce n'est pas si simple d'affronter les super-vilains. j'ai ramené à manger. qu'il ajoute en venant lever le sac pour qu'il soit plus visible. je savais pas ce que tu voudrais, alors j'ai pris un peu de tout. qu'il ajoute nonchalamment en haussant les épaules.

Il avait tendance à fuir sa famille autant qu’il fuyait ses amis, Joel. Il était devenu une véritable épave suite à la mort de Moira, il avait sombré dans le chagrin, mais aussi dans la colère. Une rage folle l’ayant causé à comettre l’irréparable. C’était la purge, il avait le droit de tuer ce type. Il avait le droit de se venger, parce que cet homme lui avait arraché l’amour de sa vie. Mais à se laisser bouffer par la haine et la vengeance, qu’est-ce qu’il avait gagné ? Moira était toujours morte et lui, il avait du sang sur les mains. Lui, il avait tué quelqu’un et avait beaucoup de mal à s’en remettre. Il était devenu le monstre qu’il avait toujours tant redouté de devenir. Il avait toujours eu peur de finir comme son père, comme s’il y avait un gène de psychopathe qui se transmettait de père en fils. Tuer l’assassin de sa fiancée, ça le rapprochait de ses craintes. Il ne recommencerait plus, évidemment. Mais un meurtre sur la conscience, c’était déjà trop. Lui qui détestait cette fichue purge depuis le premier jour où elle avait été mise en place, il en était devenu un acteur et au lieu de trouver son répit dans la vengeance, il n’y avait trouvé que des démons de plus pour venir le hanter.

Il préférait rester dans son coin alors, plutôt que de montrer à ses proches à quel point il s’était planté. Il voyait Kit de temps en temps, lui confiait Nova quand il avait besoin d’aide. Faisait pareil avec sa mère, mais ne s’attardait jamais trop longtemps. Il n’aimait pas qu’on lui demande comment il allait, comment il s’en sortait. Il n’avait pas envie d’admettre que ça n’allait pas. Pourtant, c’était probablement aussi visible que le nez au milieu du visage. Evidemment qu’il n’allait pas bien. Il avait perdu sa fiancée, comment est-ce qu’il était censé aller bien ? Plus simple de rester chez lui et d’éviter les autres que de s’imposer leurs questions incessantes. Alors forcément, il n’attendait personne ce soir. Il était vautré dans son canapé depuis que Nova était couchée, essayant de s’intéresser au programme à la télé, sans vraiment y parvenir. Il laissa alors échapper un soupir, quand il entendit frapper à la porte. Il n’avait aucune idée de qui pouvait se pointer chez lui. Il se leva quand même, pas très motivé à l’idée d’avoir de la visite. Il ouvrit finalement la porte pour se trouver nez à nez avec son demi-frère. « Hey. » Il répondit simplement, loin de lui sauter dans les bras pour l'accueillir. Lâcha un léger soupir avant de s’écarter de devant la porte pour le laisser entrer. « Tant mieux, j’avais la flemme de me faire à manger. » Il commenta en s’avançant dans l’appartement, il avait réchauffé quelque chose pour Nova, mais lui, il lui faudrait un peu plus qu’un repas d’enfant de deux ans. « Qu’est-ce qui t’amène dans le coin ? » Il demanda finalement, parce qu’il fallait bien faire la conversation. Il était venu pour le voir, sans doute, mais Joel, il préférait parler de Mael, plutôt que de parler de lui.  

Il l'voit bien Mael que son demi frère souffre atrocement. Que ce soit sur son visage ou dans ses actions, il le voit s'enfoncer dans sa tristesse. Ses rêves de grandeur et de bonheur qui s'étaient effondrés en un clin d'oeil. Ça laisse perplexe quand on y pense. Une perte qui avait nécessairement touché Mael. La compagne de Joël qu'il connaissait bien mais ne peut absolument pas comprendre ce qu'il vit. Ce étroit chemin sombre et sinueux dans lequel il s'est engagé depuis. Un peu démuni, que pouvait il faire de plus que ce genre de passage impromptues et lui souffler sa bonne humeur en plein visage. Il s'rend même pas compte que c'est presque cruel de sa part d'arriver avec son grand sourire et sa fraîcheur de vivre. -Hollywood chewing gum-. Simplicité comme fer de lance, il ne pense pas à tout ça. Il n'voit pas que l'autre est saoulé de le voir débarquer comme une fleur.

Taquinerie qu'il tente : ça arrive que tu n'es pas la flemme ? subtilité qui manque. Le coeur y est pourtant dans cette tentative maladroite de le voir sourire.  ma nièce préféré dort ? qu'il ajoute. Facile. Il n'en a qu'une. C'est vrai. Question qui peut paraître futile, stupide même, mais le trentenaire n'a absolument aucune idée de ce qu'implique le fait d'avoir une enfant en bas âge ou l'importance de respecter le rythme de ces derniers. Lui même un poil candide, il s'entend bien avec les p'tits mais il serait bien incapable de gérer quelqu'un d'autre que lui plus de deux jours.  j'vais pas te dire que je passais dans le coin. Tu me croirais pas et c'est pas vrai. Il hausse les épaules et prend l'invitation timide à entrer. Il s'impose même sur la table en y déposant le sac. Sa veste qu'il retire pour la poser contre une chaise. je suis en repos, et ça fait longtemps qu'on s'est pas vu alors... il hésite une seconde, main qui file dans ses cheveux. me voilà. il ouvre les sac et commence à en déposer le contenu sans attendre l'aval de son hote. ça va ? question naze. Il sait qu'non. Mais il demande quand même, histoire de prendre la température.