tenaillé par le désir (ophelia)

Des jours maussades comme celui ci, Aedan aurait souhaité accélérer le temps, lui qui sait pourtant qu'il fonce droit vers la deuxième moitié de sa vie. Encombrement de ce cerveau qui supporte de plus en plus difficilement la misère et la terreur. Règne de purge, celui qui impose le glas aux concitoyens américains, les jours qui suivent sont les plus douloureux, vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui postent des avis de recherche, espoir infime de voir les êtres chers revenir pour continuer à jouer un rôle dans leurs vies. Triste rappel à sa solitude à lui même si ses pensées virevoltent souvent vers son passé. Chaque année à se demander comment vont ces anciens protagonistes. Jamais il n'a eu le courage de vérifier. Combler la douleur et le manque accumulée au fil des années par des rêveries indicibles.

Aedan s'installe derrière ce petit bar qu'il a l'habitude de fréquenter, sourire appuyé au serveur quand ce dernier vient lui demander ce qu'il désire prendre. un whisky avec des glaçons, merci. Cet endroit est son fief et celui de beaucoup de policiers, il n'est pas rare de croiser des types en uniforme. Ce soir, Aedan ne porte pas le sien, lui qui a pris le temps de se changer avant que ces pas ne le mène jusqu'ici. Ce soir, il est seul, pas un de ses acolytes pour l'accompagner. Il n'a de toutes façons pas prévu de s'éterniser derrière le bar et compte rentrer chez lui finir ce bouquin sous un plaid. En parlant de bouquin, ses iris se tournent sur sa droite pour apercevoir la couverture d'un livre qu'il a terminé il y a peu, curieux de voir qui se cache derrière une lecture de qualité. c'est assez inhabituel de lire dans ce genre d'endroit. qu'il prononce, de sa voix rauque et éraillée, signe qu'il fume trop. Il le sait. Il a tenter d'arrêter trop de fois sans succès.

Il porte le verre à sa bouche avant d'en avaler une large gorgée. A la seconde où elle baisse le livre, son visage angélique apparait. Elle est belle. De ces beautés simples et sans superflus. Celles qui s'imposent sans le vouloir avec fermeté. Sourire timide sur les lèvres, il reprend : je l'ai terminé la semaine dernière. l'ennuie qu'il tue de façon très fréquente en dévorant un bon livre. Les héros qui lui semblent toujours plus estimé que dans sa propre vie et les tourments qui lui ont été imposés au fil des ans. Incapable de faire le tri dans le positif et le négatif. Il ne sait plus s'il a été heureux un jour. Une seule certitude : il ne l'est pas aujourd'hui.

Dernièrement, les bras de Morphée ne lui servaient que de simple déguisement. Elle n'arrivait pas à se laisser aller et fermer les yeux pour une longue durée et se reposer comme il se doit. Ses songes s'échauffaient à la seconde où elle se retrouvait seule et dans un mutisme complet. Cette farce se produisait depuis quelques jours déjà, depuis le moment où ses iris avaient croisé celle du monstre. Celui qui, autrefois avait été son supérieur, mais que clairement, son pouvoir lui avait monté à la tête. Face à elle, un sourire dépravé s'était dessiné sur son visage, en même temps qu'une pointe de colère face à la femme qu'elle était devenue, sans lui. Puis .. Cette foutue purge, cette absurdité qui servait qu'à rendre les citoyens nerveux et mal à l'aise et donner aux initiateurs un pouvoir temporaires. Ceux qui, devant une confrontation de tous les jours prendraient la fuite.

En ce crépuscule, elle avait pris la décision de s'installer à un bar, repoussant mécaniquement l'heure du sommeil de quelques précieuses heures. Devant elle, une bière blonde à demi entamé traîne, cassant le cliché de la femme à talons devant une boisson sucrée. L'endroit lui est inconnu, mais elle avait eu des ouï-dire que l'ambiance était convivial. Personnage de glace qui avait pris une pause, laissant son badge bien caché dans le coffre à gant de sa voiture. En ce moment, elle avait opté pour le jean foncé et le chemisier blanc ; contraste cuisant avec ses tailleurs bien coupés lorsqu'elle enfilait son masque. Pardon ? Elle souffla discrètement, tournant le visage en direction de la voix rocailleuse qui l'avait sorti de ce petit monde. Ah oui ! Ça ! Marque-page remis en place, avant qu'elle ne referme le livre pour le poser devant elle. J'aime les choses plutôt inhabituelles. Sourire candide qui se peint lentement sur le faciès de la brune, trahissant sa douceur générale pour le monde l'entourant.

Ses iris verdâtres viennent à la rencontre de l'homme, s'y accrochant comme une bouée de sauvetage. Cette présence, qui la sortait de sa tanière, avait quelque chose de rassurante. Elle s'attarde sur les traits de son interlocuteur, appréciant les lignes franches de sa mâchoire, le bleu azuré de ses yeux et la petite mèche rebelle qui tombait contre son front. Elle ne se le cachera pas, il est attirant. C'est aussi inhabituel de trouver un lecteur de Dostoïevski dans cet endroit. Qu'en avez-vous pensé ? Contre le tabouret, sa silhouette vient se mouvoir doucement pour faire face au colosse, soudainement intéressé par cette conversation. Rares étaient les fois où elle venait à la rencontre d'une âme aussi tourmentée qu'elle, le genre de personne qui avaient besoin des écrits d'autrui pour se sentir vivant, pour se libérer le temps d'un instant. Bière qu'elle vient de nouveau porter à ses lèvres, sans toutefois quitter le ténébreux du regard. Vous voulez un autre verre peut-être ? Petit coup de menton en désignant cette boisson qui serait probablement vide dans les prochaines minutes.

Enfant, il ne lisait pas. Au cirque, y'avait pas d'bibliothèque pour se nourrir de différents auteurs. Sa passion s'était révélée sur le tard et il avait très largement rattrapé les quelques années de vide. Lui qui se noie dans les œuvres littéraires, s'identifiant parfois à ces personnages haut en couleur, peut être aussi parce que l'amour triomphe toujours et que son cœur est meurtri à jamais par le fait d'avoir été délaissé. La douceur vient trahir les traits de son visage. Il se laisse à penser qu'elle est jolie, ces fossettes qui creusent ses joues lorsqu'elle souri. moi aussi. acquiesce t-il sur un ton tout aussi doux que le sien, la voix qui se veut séduisante et envoutante mais Aedan n'a jamais été un tombeur de ses dames, son niveau de drague proche de zéro. j'ai apprécié l'univers sombre pour dépeindre la quête idéologique de l'auteur. Mais je vous laisse découvrir par vous même ce qui s'y trame. Un livre qu'il a apprécié, pas son auteur préféré cependant, trop de descriptions à son goût mais il s'est tout de même régalé avec ce chef d'œuvre reconnu dans le monde entier. Son corps se tourne pour la regarder plus attentivement, ses iris noisettes qui brillent d'une lueur suspecte. La dernière fois qu'il a abordé une femme de cette façon dans un bar c'était... jamais en fait. Il ne saurait pas expliquer ce qui fait la différence ce soir. Elle sans aucuns doutes.

Une gorgée de son verre qui file dans le fond de sa glotte. L'alcool qui réchauffe son œsophage pour s'insinuer en lui comme du poison. Aedan se laisse rarement prendre au jeu de l'ivresse, préférant de loin garder la maitrise de ces gestes et mots. Pourtant ce soir, il avale son verre d'une traite avant de la regarder avec un grand sourire : si vous l'offrez. il hausse les épaules et reprend : que fait une jolie fille avec un livre seule dans un bar ? ajoute t-il, envie de séduire, de lui plaire, ses instinct de mâle alpha qui se réveillent. A moins que vous attendiez quelqu'un ? Ce serait con qu'il se fasse casser la gueule par son prétendant simplement pour quelques minutes de flirt, surtout qu'elle semble plutôt réceptive non ? Il n'en sait rien Aedan, pas forcément très doué pour ces choses là, il a toujours l'impression d'être à côté de la plaque. Trop lourd ou pas assez. Trop intense ou trop mou. Le dosage qu'il peine encore à trouver. Ce soir pourtant, le charme opère n'est ce pas ?

Elle ne saurait dire précisément le nombre de livres qu'elle avait dévoré dans toute une vie. Pourtant, dans son appartement, elle réservait presque un mur entier à cette imposante bibliothèque qui cachait ces récits, des rêves en papiers comme elle aimait les appeler. Son menton vient trouver refuge au creux de sa paume de main, sourire qui semblait maintenant encré dans son visage. Il attirait son attention et pourtant, ce n'était que quelques mots. Si jamais vous avez d'autres recommandations, je suis toute ouïe. Avec ce simple lexique concernant l'univers des livres, elle se doutait bien, son avis serait bienvenue et que sûrement même, les bouquins qu'il allait suggérer lui exalterait l'âme. Ce soir, dans ce bar, quelque chose d'énigmatique se produit. Ils sont entourés, par le barman et par quelques soiffards de part et d'autre, mais pourtant, elle en oublie le paysage environnant. Elle se sent complètement seule en sa compagnie, seul halo qui réussit à attirer son attention. Peu de temps avant son arrivé, elle avait eu droit à deux irritants. Des commentaires plutôt obscène pour attirer son attention, et même un fourbe animal qu'elle avait vu retirer son alliance avant de venir lui parler. Mais lui .. Elle ne savait pas si le bleu de ses yeux l'avait ensorcelé ou s'il avait simplement trouvé la bonne méthode.

Le creux de son ventre hurle presque de douleur en le voyant avalé le poison doré à cette vitesse. N'étant pas une adepte des boissons fortes en général, elle vouait une grande admiration aux gens qui s'enfilait des verres par-dessus verres. À condition que vous n'utilisiez pas votre véhicule après. Le petit côté lieutenant qui prend le dessus, mais assez doux pour trahir sa bienveillance envers les gens. Elle attire le contact visuel du barman, lui faisant signe d'emmener un autre verre l'homme et une autre bière, pour elle. Je l'offre. Sa question vient la faire pouffer de rire entre ses lippes, une main nerveuse qui se glissait dans sa longue crinière brune. Vous savez, une jolie fille, je ne sais pas mais moi .. Elle s'interrompt, venant relever les iris en sa direction pour une œillade plus joueuse. Je suis une femme. Rire cristallin qui vient résonner dans le bar, elle lui sourit. Elle cache bien son côté folâtre, mais lorsqu'on lui ouvre le large portail, elle ne peut s'empêcher de sauter. Je n'attends personne, je venais plutôt éviter le silence crevant de mon appartement. Inutile d'entrer dans les détails, inutiles de préciser sa terreur de se retrouver seule, ses cauchemars qui avaient repris de plus belle, inutile de raconter tout ça à un inconnu. C'est uniquement l'arrivée des arsenics liquide qui font décrocher le regard de la brune de l'homme, mais très vite, le sentiment d'aimant reprend avant qu'elle ne laisse glisser le verre contre le bois écaillé du comptoir. À la vôtre. Souffle t-elle avant de venir délicatement claquer sa boisson à la sienne, comme un air de défi dans les prunelles.

Le lecture comme passe temps favori. Ce soir, c'est surtout une excuse pour venir lui adresser la parole, tuer la solitude qui finira par le ronger et avoir raison de lui. j'ai adoré dune, je ne sais pas si vous l'avez lu ? qu'il répond simplement, lui qui ne s'arrête pas à un style en particuliers, plutôt ouvert sur les possibilités qui s'offrent à lui. Science fiction, romance ou simplement policier, il s'éprend de plusieurs types de fictions. Moins fan cependant des romans autobiographiques par exemple. Peut être parce qu'ils l'emporte moins vers ses rêveries.

Elle est belle putain. Vraiment.

Ses iris qui se dérobent et la fixe trop vivement. Une sensation grisante au creux du bide, de celles qui éveille les sens. L'alcool qu'il vient d'ingurgiter y est peut être aussi pour quelque chose dans cette vague de chaleur qui lui remonte l'échine. promis qu'il dit simplement, sourire aux coins des lèvres. Si jamais il abuse et consomme plus que les doses journalières recommandées, il pourra toujours se prendre un taxi et récupère sa voiture -laissée au travail- un peu plus tard. Mais sa remarque déclenche un léger rire. Une femme hein ? je vois ça. voix rauque, doucereuse, il se mordille la lèvre sans la quitter une seule seconde du regard, se laissant totalement dévorer par son désir grandissant pour elle. Seule. Elle est seule. Ces mots qui le touche plus qu'il ne le voudrait, comme si une part de lui venait à comprendre sa solitude, son cœur qui résonne avec le sien. peut être que ce soir on peut noyer le silence ensemble. il tend son verre vers elle et le fait tinter contre sa bière. merci pour le verre. Prénoms qu'ils pourraient choisir d'échanger mais Aedan n'en fait rien. Préférant la délicieuse inconnue telle quelle. Comme souvent, moment éphémère et précieux. Les choses qui s'éternisent finissent toujours par être gâchées n'est ce pas ?

Gorgée qu'il sirote, plus doucement. vous habitez dans le coin ? intérêt à faire connaissance, peut être aussi parce qu'il se demande si elle serait prête à l'accueillir entre ces draps pour une nuit. Juste une. Il ne demande rien de plus que cet amour qui s'évanouie au petit jour. Ses bras qu'il voit déjà courir sur son corps. Trop direct ? Sans doutes mais il ne sera de toutes façons jamais vraiment amené à la revoir alors...

Ses joues lui font terriblement mal. Sûrement le sourire qui lui colle aux lèvres.

Normalement, elle en aurait que faire de ses discussions sur les bouquins, le genre de mots qui ne mèneraient à nulle part et surtout ; un faciès qu’elle ne reverrait pas de si tôt. Avec n’importe quel autre homme, la brune aurait tout de suite usé de stratégie, trouver une excuse ennuyante pour s’éloigner et quitter le bar au pas de course, ou presque. Étrangement, face au ténébreux devant, elle n’arrivait pas à décrocher de l’océan de ses yeux. Elle se perdait presque dans la musique éraillée de sa voix. Il aurait pu lui proposer n’importe quel bouquin, qu’elle aurait accepter avec un sourire béat aux lèvres. Normalement, elle choisissait les histoires les plus dramatiques, celles qui ne finissaient jamais bien et qui lui rappelaient sa propre vie. Elle adorait les mots remplient de poésie, ceux qui permettaient d’imaginer un monde meilleur et d’exalter les songes. Brunette qui se perdait dans les écrits des autres pour oublier que ses propres rêves avaient fané dans le temps.

Noyer le silence ensemble, l’idée lui parait presque charmante. Avec plaisir C’est à ce moment qu’elle aurait fait les présentations, le moment parfait pour lui demander son nom mais à quoi bon ? Demain matin, elle ne s’en souviendra pas. Demain, cette histoire serait derrière elle et son visage ne lui resterait pas en mémoire. Demain matin, tout sera fini. Un sourire joueur vient prendre place au moment où il rompt le dit silence. Elle ne peut s’empêcher de laisser un petit rire s’échapper de ses lippes, laissant même glisser le bout de sa langue contre celles-ci, amusée par ses interrogations. Assez près pour être venue à pied. À peine cinq minutes, c’est le cas de le dire. Presque tous les jours, elle passait devant ce bar, laissant à peine une oeillade contre la porte, aucune attention donné en direction de l’établissement. Peut-être que l’univers la forçait à venir s’y poser cette journée là et de mettre le colosse sur son passage.

Une petite marche ? Cette insinuation discrète de quitter cet endroit pour un monde meilleur. Chez elle. Une espacade vers ses draps, l’acceuillir entre ses bras le temps d’un instant, balader ses lippes contre son échine le temps d’une nuit. Chronomètre silencieux avant que le soleil ne se lève. D’ici là, elle danserait contre son corps, oubliant ses problèmes dans le bleu de ses yeux, offrant le plaisir qu’elle était avide de. Elle termine son verre d’une dernière gorgée avant de se relever du tabouret. Offre unique. Souffle t-elle avant de lui tendre la main, attente de son acceptation.. ou non.

tournure inattendue. Il n'avait pas prévu de partir en chasse ce soir. Il ne le prévoit jamais d'ailleurs. Aedan n'a rien d'un Don Juan des temps modernes. Quelques bras inconnus dans lesquels il se vautre de façon éphémère pour tuer sa solitude, rien de plus. L'amour sur lequel il a tiré un trait, annihilé par cette histoire à sens unique. C'est douloureux quand on aime sans avoir de retour sur ses sentiments. Comme un contrat inégal qu'on signerait malgré tout parce qu'on est accroc. L'illusion du bonheur qu'il avait effleuré du doigt, parce qu'il avait naïvement pensé que peut être, elle le choisirait lui plutôt que son frère.

Sa langue qu'elle passe contre ces lèvres, séductrice. Son myocarde rate un battement quand elle précise qu'elle habite à quelques minutes de marche. Son corps s'arrête net. Son désir qui est partagé, brutal et divin à la fois. Les iris qui se perdent dans les siens. Elle ne s'arrête pas là, invitation directe, franche, massive. Ce n'est pas pour lui déplaire, elle prend les devants et ça a pour effet de tendre chaque muscle de son corps. Offre unique. Ces mots qui propulsent son cœur vers le ciel. Regard appuyé sur sa silhouette. Elle porte une tenue simple mais son corps est définitivement mis en valeur. Il avale alors son verre d'une traite et pose sa main dans la sienne pour la suivre. D'un timbre de voix étonnamment fragile, il prononce quelques mots : que je ne peux pas refuser. Il se redresse, sa main toujours contre la sienne. Leurs souffles se percutent, sa poitrine qui frôle son torse. Merde, il est déjà dans tous ces états. Ils peuvent marcher vite non ?

Le trajet jusqu'à chez elle est étrangement assez silencieux mais empli d'une tension folle. L'atmosphère qui se teint d'électricité. Ego flatté. Ravages de la passion qui se dresse devant lui. Elle est différentes des filles qu'il a culbuté sans trop réfléchir par le passé. Mais il ne saurait mettre le doigt sur le pourquoi. Un ressenti. Une émotion. Elle s'arrête finalement devant un immeuble et il se tourne vers elle. Pointe d'angoisse qui le gagne, adrénaline qui grimpe dans ses veines. Pas question de faire marche arrière si près du but. Son palpitant s'emballe en tout cas, pas loin de le dévorer tout cru, quitte à l'étouffer au passage. j'ai vraiment, très, très envie de toi. qu'il dit avant de venir presser son corps contre le sien dans une etreinte sulfureuse, ses lèvres qui gagnent les siennes pour un baiser fougueux et déroutant. Ses mains qui viennent entourer son visage.

Normalement, elle détestait ce genre de petit jeu. La course à l'homme qu'elle aimait appeler. Dans son jeune temps, c'était une normalité pour elle. Se retrouver entre copines dans les boîtes de nuit les plus branchées du centre-ville pour s'amuser jusqu'à l'aube. Les tenues les plus provocantes, le maquillage appliqué à la perfection et elle partait pister les plus partis de l'endroit. Avec le temps, elle avait bien compris que ce genre de petits amusements n'étaient plus aussi distractifs qu'avant. Bien entendu, elle adorait passer la nuit en compagnie d'un homme, s'amuser le temps que la lune resterait présente. Elle était humaine, elle en avait besoin. Mais en temps normal, elle prenait beaucoup plus de temps avant de se décider à coincer une proie entre ses griffes.

Pourquoi est-ce que cet homme éveille des envies dont elle ne se savait même pas capable ? La brutale impression que son corpus entier était attirée vers lui, comme un aimant doté d'une puissance incroyable. Elle meurt d'envie de découvrir ce qui se cache sous ce masque, si ses yeux bleus ont la possibilité de la rendre aussi folle qu'elle ne le croit. Une certaine nervosité s'entremêle dans son corps, une sensation de devoir être à la hauteur, de lui montrer ce qu'elle est capable. Mais pourquoi ? Demain matin, il s'en ira loin et l'océan de ses iris ne serait plus là pour lui rappeler cette fameuse nuit. Vous ne regretterez pas. À peine l'échine de l'homme vient frôler la sienne, qu'elle ressent ce courant électrique traversé son être. Dieu soit loué que son appartement ne soit pas si loin, son bas-ventre brûle déjà pour lui, l'envie qui se manifeste comme une lueur dans ses yeux. Le bâtiment de briques rouges, là-bas. Petit coup de menton bref pour lui montrer le peu de marche qu'il y aura à faire, une fois à l'extérieur.

Le mutisme du trajet n'est pas du tout embarrassant, il a sa place. Peut-être les songes de la brune sont tellement bruyants qu'elle l'aurait tout bonnement empêché de réfléchir à cet instant présent. Ses doigts n'ont même pas quitté les siens, resserrant cette étreinte à chaque pas. Finalement, devant ce bâtiment qui abritera la luxure de la nuit, elle s'interrompt, lui indiquant qu'ils étaient bel et bien arrivés. Tout de suite, elle vient joindre le geste de l'homme, entourant ses bras autour de son cou, tout en l'approchant elle. Ses mains se perdent dans ses courtes mèches de cheveux. Ça tombe bien. Moi encore plus que toi, je crois. La danse des lippes est ardente, frôlant même la débride. Son souffle se perd avec le sien, battant qui s'active dans sa poitrine. Suis moi .. Souffle t-elle en le relâchant à contrecœur pour finalement l'entraîner avec elle dans sa demeure. Par le décor, il peut en apprendre légèrement plus sur elle. Les goûts sont recherchés, agencement digne des magazines les plus raffinés, mêlant velours, bois et métaux précieux. Une ambiance rappelant les seventies, avec une pointe d'élégance. La lourde porte se referme derrière eux et le dos de la brunette reste cloué contre celle-ci, avant d'attirer l'homme à elle, le plaquant presque contre son petit corps. Les lèvres qui retrouvent les siennes en une fraction de seconde, anéantissant la distance libre entre les deux. Baiser enfiévré dont elle ne pouvait plus se passer, laissant ses mains glisser contre la morphologie de l'homme, en découvrant lentement les lignes de son corps.