I'm going to mess this up || Oscar

La nuit, ou bien, plutôt les dernières vingt-quatre heures avaient été éprouvantes pour Shelter qui ressentait présentement la fatigue comme si le sommeil ne l’avait jamais gagné de sa vie. D’heures au bloc opératoire à la préparation des dossiers des prochains patients, aux personnes instables en unité de soins intensifs, Joyce n’avait eu que trop peu de temps pour se reposer et les quelques heures qu’elle prévoyait devant elle semblaient lentement s'égrener à mesure que les basses du voisin du deuxième, celui juste au-dessus de son appartement, frappaient ses tympans insomniaques.

Son lit, qu’elle n’ouvrait presque jamais parce que le canapé lui semblait davantage confortable, lui donna l’impression de démultiplier le vacarme qu’on lui imposait. Elle soupira longuement, jeta un œil à l’écran de l’Iphone qui chargeait sur le chevet, et se tourna pour faire face au plafond. La nuit se transformait lentement en matin et les heures qui lui restaient s’engouffrèrent subitement dans son crâne comme une bouffée anxiogène qui ne lui permettrait certainement plus de fermer les yeux. Pourtant, la fatigue était telle qu’il lui semblait avoir du sable dans la cornée. Mais son cœur qui s’affolait dans sa poitrine à cause du sommeil avorté créait cette boucle infernale qui s’acharnait sur son propre système.

La blonde se redressa d’un seul coup, vira la couette du côté quasiment toujours vide de son lit, et pencha la tête en direction du plafond. Elle jaugea la pièce en recherche d’un ustensile assez long pour pouvoir frapper contre la dalle de béton sans jamais trouver quoi que ce soit d’utile. Un hoodie expressément passé, elle se chaussa ensuite pour quitter l’appartement et gravir l’étage qui l’amènerait à la boîte de nuit improvisée. L’oreille à la porte, l’étudiante se fit la réflexion qu’un pauvre balais contre le plafond n’aurait jamais suffi à faire taire les basses aux décibels excessifs. Elle sonna d’abord puis frappa du poing contre le battant, excédée par le manque de respect qu’on pouvait bien balancer au voisinage. L’échec lui fit frapper plus fort encore, jusqu’à ce qu’une âme attentive prête attention à sa présence.

Oscar a invité quelques potes chez lui, soirée sans prétention mais le brouhaha résonne entre les quatre murs de son appartement. Lui qui ne se soucie guère de la gène que cela peut occasionner chez ces voisins. Même pas une petite note teintée d'arrogance pour les prévenir. Il se contente de faire ce qu'il veut, insolence qui gronde sous ses traits encore juvéniles malgré la trentaine qui approche plus vite qu'il ne le voudrait. Insouciance de ses pairs qui s'posent pas plus de questions que lui sur le bruit provoqué par la musique. Les bouteilles d'alcool sur la table basse, les cendriers qui se remplissent à une vitesse folle. Fenêtre ouverte pour laisser les odeurs de la débauche s'échapper par la fenêtre, sans doutes que ça vient rebondir sur les habitants de l'immeuble mais personne pour venir se plaindre, alors pourquoi s'empêcher de jouer les branleurs de bas étage. Il souffle sur les braises, égoïsme sournois.

Demain pourtant, il devra se rendre à son travail à l'heure, ça ne l'a jamais empêché de le faire. Ni même d'être compétent. Le manque de sommeil qui se chargera de se rappeler à lui à l'heure du déjeuner sans doutes. Il n'entend pas tout de suite les coups sur la porte, tambourin incessant qui persiste durant de longues secondes. Il finit tout de même par répondre en ouvrant la porte, sourire suffisant qui file sur ses lippes. ouais ? Il vient s'appuyer contre l'embrasure de la porte et pose un regard indélicat sur elle, il n'a pas souvenir de l'avoir déjà vu dans l'bâtiment. En même temps, c'est pas comme s'il se souciait de ses voisins l'gamin. Personne pour satisfaire suffisamment sa curiosité. Personne à qui il porte vraiment d'l'intérêt. Il se doute de la raison de sa venue mais joue les imbéciles en la fixant d'un regard malin : qu'est ce que je peux faire pour toi ? Le tutoiement facile. Il l'impose comme une normalité, se fichant pas mal de gêner ou non la personne en face de lui. Y'a même ce petit sourire imbuvable qui se dresse face à celle qui retient sa colère, on la sent d'ici.

Immature.
Imperturbable.

Il finit par prendre la porte dans la main et ajouter : si t'as rien de plus à dire, j'vais retourner à ma soirée tu veux bien ? qu'il ajoute avec cette arrogance qui lui va si bien, prêt à fermer la porte sur elle. Quoi ? Si elle est venue juste pour lui faire perdre son temps, elle peut repartir non ? Ou bien entrer, comme elle veut mais le laisser continuer sur sa lancée.

Les basses s’agitaient davantage derrière la porte de l’inconnu et la blonde se demandait comment il était possible qu’on ne soit pas venu se plaindre avant elle. Peut-être que d’autres étaient passés avant, sans qu’on ne leur octroie le droit à un peu de calme. Sa main tambourina si fort contre le plat de la porte que la peau de sa main déjà rougie vira de plus belle. Après quelques minutes, on lui ouvrit. Laissant passer dans l'entrebâillement l’odeur désagréable de cigarette et bientôt, d’alcool quand le fameux voisin se présenta à elle. Elle jaugea son interlocuteur, ses pupilles, sa dégaine et l’air qu’il avait de la regarder comme si elle venait d’un autre monde. Elle s’accorda à se dire que bien sûr, qu’elle venait d’un autre monde ! Sa gorge sèche comprima un peu plus ses cordes vocales et elle prit une inspiration qui était censée lui donner le courage de montrer à quel point le vacarme qu’il imposait était nuisible, sans qu’elle ne l’aide jamais à déverrouiller sa voix.

« Est-ce que tu peux… » Fit-elle, doucement, en laissant échapper son regard au sourire détestable qu’il lui assénait.

Ses sourcils se froncèrent instantanément et avec ce mouvement, le brun balaya ses mots, referma presque la porte. La peroxydée s’empressa de coller la paume de sa main contre le vantail pour le repousser.

« Eh oh ! On t’a jamais appris le respect ou quoi ? Fit-elle, plantant ses yeux noirs, colériques, dans ceux du voisin puis elle fit un pas vers lui comme pour s’imposer davantage, donner plus de valeur à ses propos. Ca fait deux heures que j’essaie de dormir mais ta putain de musique m’en empêche ! Tu t’es cru seul au monde ? Surprise ! Y’a des gens qui dorment à quatre heures du matin et qui doivent se lever pour aller bosser. » Joyce avait levé les mains devant elle pour appuyer ses paroles avant de croiser les bras sous sa poitrine.

Aussi, elle déglutit à la fin de son monologue, baissa le menton tout en gardant les pupilles dans celles du voisin et relâcha ses épaules dans une expiration.

« Alors s’il te plaît, baisse la musique. » Marmonna-t-elle pendant que son cœur s’était accéléré parce qu’elle n’était jamais très à l’aise avec ce genre de situation où elle devait s’imposer et élever la voix. Pourtant, elle ne se laissait jamais faire et mettait un point d’honneur à se faire respecter mais elle connaissait toujours une sorte de pic d’adrénaline qui lui faisait trembler imperceptiblement les mains et lui faisait galoper le palpitant.

Y'a pas grand monde pourtant mais il suffit de mettre quelques dégénérés dans la même pièce pour foutre un souk pas possible. C'est l'cas pour cette soirée. La voyant un poil hésitante, il prend les devants Oscar, pas envie de perdre du temps, pas envie non plus de s'étendre à discuter des heures avec cette fille qui semble ne même pas savoir pourquoi elle est là. Genre, elle a vu d'la lumière et elle s'est pointée quoi. En fait, il ne parvient à comprendre ce qu'elle fout devant sa porte qu'au moment où il semble l'avoir agacé. Le ton monte, ces cordes vocales qui prennent une teinte plus fermes. Amusé par la situation, il garde une main posée contre la porte et se contente de la fixer, le sourire aux lèvres. C'est terrifiant ce qu'il peut être con quand il s'y met. Personne pour le raisonner. Alors finalement, la blonde est capable de parler. Cette arrogance dans le regard lorsqu'il vient la toiser. Murmure presque indicible qui lui demande de faire un petit effort. Sixtine qui n'est pas là pour lui rappeler qu'il est humain et qu'il est parfois bon de se comporter comme tel. Le genre de type qu'on a clairement envie d'étrangler, d'ailleurs, ça finira sans doutes par lui arriver un jour où l'autre à Oscar. Quelqu'un finira par le buter. Imbuvable.

moi aussi je me lève demain pour aller bosser. Ou pas d'ailleurs parce qu'il est bien possible que le tout se termine en nuit blanche au rythme que ça prend. Et le Donovan commence à être un peu trop vieux pour ses conneries. Il sait déjà qu'il va clairement galérer comme jamais pour se rendre à son travail. Acte de présence. Enfin, il parviendra tout de même à faire quelques bricoles. Doué dans son métier. Il n'a pas forcément besoin de toutes ses capacités mentales pour réussir à faire ce qu'il a à faire. Une chance. tu peux te joindre à nous si tu veux ? qu'il dit, sachant qu'il risque de réveiller de nouveau sa colère. Il ne l'a d'ailleurs jamais vu avant, ou simplement pas remarqué ceci dit. Parce qu'Oscar c'est pas le genre de voisin à qui on emprunte un peu de sucre quand on est en galère ou qui vous dira bonjour dans les couloirs. Capuche sur la tête, il aurait plutôt tendance à vous ignorez totalement. C'était quoi déjà sa demande ? Baisser la musique c'est vrai. Sourire en coin. Il lève les yeux au ciel devant son air offusqué. Frasco, baisse un peu l'son. qu'il finit par concéder en tournant le visage vers son pote. là, contente ? qu'il ajoute, croisant à son tour les bras sur sa poitrine. Pas qu'il en ait quelque chose à foutre que ça la gène mais un petit quelque chose lui dit qu'elle ne lâchera pas l'affaire tant qu'il n'aura pas accéder à sa demande. Et il a pas vraiment envie d'avoir la casse pied dans ses pattes toutes la soirée.

Shelter observa tout de son interlocuteur; de sa manière de se tenir contre le chambranle de sa porte d’entrée, au sourire narquois qu’il avait sur les lèvres depuis qu’elle lui avait demandé de baisser le son de sa musique, tout lui projetait à la figure que ce voisin n’en avait rien à faire de son intervention et de sa demande. Les sourcils parfaitement anguleux de l’étudiante se froncèrent d’agacement ou d’une stabilité émotionnelle qui s’était complètement fait la malle avec la légèreté dont il faisait preuve face à elle. Ses lèvres s’entrouvrirent quand il évoqua qu’il devait se lever aussi demain mais elle se ravisa en se disant qu’il n’était pas nécessaire de couvrir le feu d’une huile dont elle débordait. « Me joindre à vous ? Répéta la blonde, interloquée et presque choquée de la proposition indécente qu’il lui faisait là. Non merci. »

Les bras sous sa poitrine ne bougèrent pas d’un centimètre, ses pieds non plus et seul un soupir pu témoigner de sa présence lorsque le voisin somma enfin qu’on baisse le son. Le second protagoniste accéda à la demande de son ami et Joyce se contenta de laisser planer un regard vers l’intérieur de l’appartement que la silhouette du brun ne pouvait pas cacher. Elle secoua le visage quand il lui demanda si elle était satisfaite, planta ses orbes foncés dans les pupilles du jeune-homme et ajouta: « C’est encore trop fort. Est-ce que tu veux pas faire plus simple et arrêter complètement ? De là où j’habite, c’est exactement comme si j’étais juste-là. » Sa main s’était défaite de l’emprise de ses bras croisés et avait désigné la demeure à moitié ouverte. « Pas besoin de me regarder comme si j’étais l’emmerdeuse de service. Je sais que c’est pénible parce que t’as juste envie de profiter de ta petite fête, mais je demande pas grand chose. Je vous entendrai pas rire comme des… Enfin, je vous entendrai pas rire avec mes bouchons d’oreille, c’est juste les basses qui me gênent. » Parce qu’elles semblaient ne jamais vraiment s’accorder avec les battements de son palpitant lorsqu’elle essayait de trouver le sommeil et le rythme incessant de ces tambourinements provoquaient en elle une pointe de stress qui empêchait à son cerveau de s’éteindre complètement sous les coups de fouet de l’adrénaline. La personnalité de la résidente, un rien hypersensible au monde qui l’entourait, ne lui permettait pas de faire fi du vacarme régulier avec lequel on l’éclaboussait.

Plus il la sent désemparée, plus il a envie de pousser le bouchon Oscar, petit con en devenir. Il s'amuse clairement de cette situation même s'il sait qu'il est dans son tort : un soir de semaine, à cette heure, le volume aurait du être diminuer depuis déjà bien longtemps. Sauf qu'ce type a perdu son garde fou et qu'il n'a désormais plus vraiment de limites, se fichant pas mal de ce que l'on pourrait dire de lui. tu sais pas ce que tu rates. qu'il dit, le ton arrogant. Alors qu'en vérité, elle ne loupe pas grand chose, en dehors de lui, les individus présents dans son salon sont tous ivres morts avec des discussions pour le moins inintéressante ou en tout cas, fausses et empruntent de mauvaises ondes. Il ordonne alors à un de ses comparses de baisser le volume de quelques décibel. Revenant vers elle comme si c'était elle le problème. Elle pourrait se dérider un peu au fond, mais elle ne connait visiblement pas la définition du mot optimisme, gueule de quatre mètre de long qu'elle tire depuis son arrivée devant sa porte.

Il a pourtant fait une concession de son côté -et croyez le ou non, c'est pas tous les jours que ça arrive.- Alors oui, il estime que c'est une emmerdeuse quand elle continu sur sa lancée. Alors il s'agace, le ton qui devient moins cocasse pour laisser place à un sarcasme immense : emmerdeuse c'est l'mot. Il secoue la tête et fait une moue cynique avant de rétorquer, sans écouter la fin de sa phrase : rire comme des quoi ? Je t'écoute. Il sait être impressionnant quand il le souhaite Oscar, grand, une carrure qui en impose, il a su tirer cet avantage à son bénéfice quand il était gosse, en abusant même un peu trop pour venir quémander les goûter de ces petits copains. Quoi, quand on sait qu'il ne mangeait qu'un jour sur deux, c'est plutôt légitime d'en arriver là non ? tu sais quoi, j'suis chez moi, alors je fais ce que je veux non ? qu'il ajoute, défiant totalement la jeune femme d'aller plus loin dans la démarche. Il essayé de faire un pas de côté pourtant, et là, son besoin de maitrise reprend le dessus sur le reste, oubliant totalement l'être humain qui s'planque derrière la carcasse prétentieuse. Il entre à l'intérieur de l'appartement et vient remonter un peu le son en lui jetant un regard sombre à la dérobée. L'air de dire : tu vas faire quoi maintenant à part fermer ta gueule et retourner dans ton pieux bien gentiment ?

HJ, si elle pouvait ne pas le sélectionner pour lui piquer un rein à la prochaine purge...

Des soirées, Joyce n’en avait pas fait à la pelle, ne participait pas souvent au profit de révisions ou de gardes qui ne se finissaient jamais assez tôt pour pouvoir ne serait-ce même que prendre un café avec ses amis qui ne se couchaient qu’à l’aube. Ca lui valut quelques engueulades quand ceux qui avaient déserté sa vie maintenant ne comprenaient pas l’importance que c’était pour la blonde de réussir sa vie et par extension, ses études. Elle aimait faire la fête, Shelter, aimait danser jusqu’au bout de la nuit et sans se préoccuper du lendemain ou de la taille de ses cernes quand elle se présenterait au boulot. Mais les opérations qu’on lui confiait de plus en plus grignotaient lentement cette partie de sa vie parce que les enjeux étaient bien plus importants qu’un déhanché qu’elle adorait enchainer. Elle fronça le nez au commentaire du brun et souleva les épaules d’une manière indifférente, balayant sa phrase d’un soupir.

Pourtant tête brûlée sans que rien ne puisse lui faire peur, Joyce se montra cette fois-ci un peu moins confiante qu’à l’accoutumée, baissa le nez sur ses pieds lorsqu’il confirma qu’elle l’emmerdait bel et bien. Elle secoua la tête, referma ses poings contre elle et leva les yeux au ciel. « Je sais pas moi, vous rigolez fort comme des… Comme des baleines. » Elle n’était soudain plus très sûre de l’expression mais identifia parfaitement, sur le visage de son voisin, l’aigreur qu’elle apporta à ses traits et inspira doucement en souhaitant intérieurement qu’il n’explose pas.

« Tu sais quoi, j'suis chez moi, alors je fais ce que je veux non ? »

Joyce put entendre les battements de son cœur entre ses tempes et les lèvres désolidarisées, elle ne trouva pas matière à répondre tandis que le jeune homme entra dans son appartement pour remonter le volume de la musique. La blonde leva les sourcils, décontenancée par le comportement du jeune-homme. « Ouais, tu fais ce que tu veux jusqu’à ce que j’appelle la police pour tapage nocturne ! Je vois que je ne suis pas la seule à être l’emmerdeuse de service ! Éteins la musique. » Somma-t-elle finalement, les yeux teintés de colère qu’elle ne défit pas des siens. « Eteins la musique ou je vais l’éteindre moi-même ! » Elle fit un pas en avant pour faire mine qu’elle ne se ferait pas prier pour entrer chez lui et balancer par la fenêtre l’objet de ses tourments.

Le ton monte, la mauvaise foi d'Oscar qui prend le dessus sur la raison et la bienveillance qui lui manque trop souvent. Il est agacé et se charge de le faire comprendre à cette pauvre fille qui cherche seulement à trouver le sommeil. La fatigue qu'il devra supporter le lendemain qui ne l'inquiète guère à cet instant précis. Et si la soirée touchait presque à sa fin, il a envie de la faire tenir le plus longtemps possible. Juste dans l'espoir malsain d'enquiquiner sa voisine le plus longtemps possible. Sale con. Emmerdeur. Lui qui cherche des noises à tout le monde sans trop penser aux conséquences que cela pourrait engendrer. Il n'est pas à l'abris un jour où l'autre de tomber sur la mauvaise personne et s'retrouver à crever dans un caniveau. Surtout quand on sait que ces fréquentations sont loin d'être exemplaires. oh des baleines ? J'imagine que c'est mieux que d'être une vieille chouette rabougri qui sait pas s'amuser. Jugement hâtif, trop rapide. Il ne la connait pas le moins du monde mais la considère déjà comme une ermite un peu emmerdante. Juste parce qu'elle vient perturber sa soirée.

Plus de notions de respect, ces dernières se sont évadés quand le mot baleine est sorti de sa bouche. Il agit comme un enfant en colère. Lui qui n'a pas eu l'occasion de l'être quand il était jeune, trop accaparé par la peur de croiser son père. Alors voilà, il prend sa revanche aujourd'hui et c'est la pauvre Joyce qui en fait les frais. Non. qu'il rétorque sèchement, laissant le volume assez haut pour réveiller tout l'immeuble. Cette petite guéguerre prend une tournure désolante et immature et le Donovan ne sera certainement pas celui qui cèdera. Apelle les vas y, le temps qu'ils arrivent, t'auras perdu une heure de plus. Ricanement insensible. S'il avait été un peu plus adulte, cette histoire se serait probablement terminée d'une meilleure façon. Les bras croisés contre sa poitrine, il fronce les sourcils quand elle annonce qu'il ferait mieux d'éteindre s'il ne veut pas la voir le faire elle même. Ca lui donne envie de pleurer de rire. Il avance d'un pas, sûre de lui, sourire teinté d'une arrogance mesquine. ah oui ? et tu vas faire comment ? Il fait une tête de plus qu'elle et n'a aucun mal à savoir qu'elle ne ferait pas le poids si jamais elle décidait de poser un pieds dans son appartement. Il pourrait la retenir avec la paume de sa main seulement. j'ai hâte de voir ça. Un pas de plus vers elle. Un mère les sépare désormais. Pas plus. Il tient sa position de caïd comme si sa vie était en jeu. Puérilité en exergue.

« Oh des baleines ? J'imagine que c'est mieux que d'être une vieille chouette rabougri qui sait pas s'amuser. »

Les mots manquèrent subitement à l’étudiante, en même temps que sa respiration rendue difficile par les battements incessant de sa grande toquante. Elle eut un regard mauvais à l’attention du grand brun et souffla un air bouillant avant de croiser les bras sous sa poitrine, un air excédé sur la trogne Ses pensées envahirent rapidement sa caboche, de la simple haine aux envies de meurtre, les scènes s’accumulèrent les unes après les autres alors que son corps restait planté là, incapable de bouger davantage et de faire quoi que ce soit. Elle n’était pas pétrifiée, son voisin ne lui faisait pas encore assez peur pour ça, mais elle se retrouvait dans une situation unique dans laquelle elle ne savait absolument pas quoi faire.

« Je m’en fiche de perdre une heure de plus si au final j’ai obtenu ce que je veux. » Rétorqua-t-elle, les yeux plus noirs qu’ils ne l’étaient déjà et son pied avança en direction de l’appartement mais on se dressa devant elle comme rempart pour l’empêcher d’entrer. « Tu vas voir. » Ajouta-t-elle tandis qu’il s’approchait davantage. « Je sais me défendre, j’ai fait du krav-maga. » Elle recula d’un pas quand il se retrouva trop près et puis soupira, fouilla la poche de son hoodie et en sortit son téléphone avant de le déverrouiller pour y inscrire le 911, capitulant finalement. « J’appelle la police, ça t’évitera de te faire ridiculiser ! » Joyce plaça le téléphone contre son oreille et y entendit le son habituel de la tonalité tandis que ses yeux, défiants, observèrent le visage de son adversaire.

Il aurait pu simplement se montrer conciliant, faire un effort, arrêté de jouer les p'tits cons de service. Elle qui prend pour tous les abrutis qui ont réussi à tirer sur ses nerfs ces derniers jours. Il se joue d'elle avec arrogance et dédain de la façon la plus déroutante qui soit, se fichant pas mal des conséquences. Ce crétin qui sait qu'il a l'ascendant sur la gamine, au moins physiquement puisqu'elle a beau être grande, il mesure bien deux têtes de plus qu'elle. Il se place entre elle et la musique, foutue rempart imprenable pour un adversaire de sa taille, il pourrait la réduire en poussière d'un simple geste. Sa dangerosité qui lui semble à cet instant proche de zéro. Du Krav maga hein ? Il se met alors à rire, les bras croisés contre sa poitrine. ah oui, du krav maga hein ? Finalement, cette situation commence à sérieusement l'amuser. vas y, je suis prêt. qu'il ajoute, toujours le sourire aux lèvres mais elle semble ENFIN reconnaitre qu'elle ne fait pas le poids face à lui. Elle recule d'un pas, signe qu'il a gagné la première manche ou la bataille qui sait. Fier de lui, il se pavane comme un paon. Elle qui pense avoir les clés en main. Elle qui pense que cette affaire peut se terminer aussi facilement que ça, elle appelle les flics et lui baisse le son, un avertissement posé. Rien de plus.

Non... Parce qu'Oscar n'a pas fini ce petit jeu malsain qui est en train de s'instaurer entre eux. Le téléphone se pose contre son oreille mais le jeune homme ne lui laisse pas la possibilité d'aller au bout de la démarche et vient embarquer l'appareil pour raccrocher. merde t'allais vraiment le faire. Il hausse les épaules et vient lui rendre son téléphone. Certes, il aurait pu aller dans la surenchère et jeter son téléphone contre le mur et lui claquer la porte au nez mais une petite voix dans sa tête -celle de sixtine faut pas se leurrer- lui fait comprendre qu'il est allé trop loin et qu'il ferait bien de se détendre un peu. Il lui rend avant de venir éteindre la musique. aller va t'coucher l'gremlins. sourire narquois sur les lèvres. et la prochaine fois qu'tu veux appeler les flics, renseigne toi d'abord sur la personne en face de toi, ça pourrait t'jouer des mauvais tours. qu'il dit simplement, fausse menace qu'il ne mettra pas à exécution, d'toutes façons, elle est aussi dangereuse qu'un moustique la meuf en face de lui alors il n'a aucune raison.