Si c'est censé être, ce sera le cas.

Le café est froid, la pire chose qui peut lui arriver un lundi matin. Entre ses dents, un petit grognement résonne doucement. Elle s'empresse de jeter celui-ci dans l'évier du boulot. Tant pis, elle irait s'en chercher un chez Dean & Deluca un peu plus tard. Le week-end n'a pas été de tout repos et honnêtement, elle aurait préféré pouvoir rester introuvable dans les draps de son lit. Le soleil n'avait même pas terminé son éveil qu'elle se trouvait déjà debout dans son bureau, feuilletant les divers dossiers qui avaient été posés contre son bureau. Les mots ne semblent pas trouver un sens dans sa tête, ce n'est qu'une succession de lettres et d'images aussi dramatiques les unes que les autres. Bon matin mademoiselle Anderson. Comme un coup-de-poing dans l'estomac. Mademoiselle. Une façon mesquine de lui rappeler qu'elle est seule, que personne ne l'attend à la maison. Ses iris dévient en direction de son patron, petit sourire aux lèvres. J'ai besoin de vous pour un job de camouflage aujourd'hui. Je sais que vous êtes capable. Elle soupire discrètement. Bien sûr, elle avait passé les dernières années à surveiller les plus truands de cette ville, cachée dans son véhicule de patrouille banalisé. Elle ne savait pas qu'aujourd'hui, ses talents seraient sorti de nouveau du coffre-fort. Elle accepta, après avoir entendu les balises de la mission. Bien sûr. Je peux prendre l'agent Broo.. Avant même qu'elle ne puisse terminer sa phrase, le directeur l'interrompt, venant lever la main en l'air. Non non, vous serez accompagné de l'officier de police Aedan Blackwell. Il est furtif, ce sera un duo parfait. You've gotta be fucking kidding me.


Ses doigts pianotaient contre son bureau, il devait arriver d'une minute à l'autre. Probablement que personne ne l'avait informé de la personne avec qui il serait en duo jusqu'à tardivement ce soir. Pourquoi est-ce qu'elle sentait l'entièreté de son corpus trembler comme une feuille en fin de vie ? Pourtant .. Ils avaient pris un ou deux cafés ensemble dans les dernières semaines, échangés des paroles, des rires. Mais cette fois .. Elle savait qu'un petit espace clos éveillerait probablement des choses. Elle peut encore sentir ses doigts contre son derme, les caresses qu'il lui offrait et le plaisir qui gagnait son être à chaque coup de reins. En passant le bout de sa langue contre ses lippes, elle pouvait encore goûter le whisky contre ses lèvres, le goût qui s'entremêlait dans leurs baisers. Bon sang, pourquoi est-ce qu'elle avait dit ; juste une nuit. Complètement déphasée dans ses pensées, elle revoyait encore et encore les images de cette fameuse soirée. Normalement, elle l'aurait oublié dès son départ mais pourtant .. Le fantôme de celui-ci hantait ses pensés jours et nuits. Iris rivés vers la fenêtre, elle se retournait directement vers son Casper personnel lorsqu'elle entendit les lourds bruits de pas qui résonnait contre le bois écaillé du plancher. Visiblement, la direction à un grand sens de l'humour. Lança-t-elle en se relevant, bras croisés contre sa poitrine. C'est avec moi que tu bosses aujourd'hui.

Nuits tourmentées. Nuits qui manquent de sommeil. Aedan n'est pas un gros dormeur mais ces derniers temps, il doit avouer être perturbé très largement par les songes érotiques qui viennent l'envahir, même au milieu de ses rêves. A l'intérieur, ce n'est pas n'importe qui mais bien Ophelia. Il n'aurait probablement pas été chez elle ce soir là s'il avait su qu'il la retrouverait quelques heures plus tard au commissariat. Cette affaire qui complique tout. Collègues. Enfin théoriquement, elle est même son supérieur hiérarchique donc ça craint d'œuvrer en secret pour ne pas céder à ses envies les plus tordues. Une véritable torture qu'il masque aux yeux des autres. Menteur depuis l'enfance, il sait très bien cacher ses désirs internes derrière un masque de froideur et de calme.

Ce matin là, il pousse les portes du commissariat après avoir avaler deux bons cafés chez lui et se rend jusqu'à son bureau. Il faut que tu ailles voir Anderson. lui lâche un collègue avant même qu'il ne puisse poser ses affaires. Son cœur rate un foutu battement et il sent ses sens s'agiter dans ce corps qui lui fait l'effet d'être passé sous le rouleau compresseur. Il ne retire pas sa veste et vient rapidement retrouver la route du bureau d'OPhelia, porte qu'il pousse après avoir toqué et il la referme derrière lui. tu voulais m'voir ? qu'il demande, sans savoir à quelle sauce il va être servie. Non parce que cette fille est scandaleusement mystérieuse. Elle souffle le chaud et le froid sans arrêt et Aedan ne sait jamais trop ce qui peut l'attendre lors de leurs rencontres. Le plus souvent, il l'évite, parce que c'est plus simple que de réouvrir de récentes envies. Comme à chaque fois qu'il se retrouve seul avec elle en vérité. Il arque un sourcils quand elle évoque que la direction à le sens de l'humour. Et se sent finalement bien démuni par la suite. QUOI ? Merde. oh. ok. Impassible à l'extérieur. Tourmenté à l'intérieur.

Pas franchement un grand bavard en temps normal Aedan de toutes façons. Il hausse les épaules et se dirige vers la sortie. je conduis. ça sonne plutôt comme un ordre dans le fond mais le Blackwell aime avoir la main sur son véhicule en cas de poursuite, il préfère que ce soit lui qui s'engage dans la vitesse plutôt qu'un de ses collègues. Il a déjà eu de mauvaises surprises. tu m'briefes sur l'affaire du coup ? qu'il ajoute, venant d'arriver, il lui faut quelques détails sur la planque qu'ils vont tenir pendant... Plusieurs heures. Bordel, pourquoi cette idée l'angoisse à ce point, Ophelia est un être humain comme un autre et il est tout à fait capable de retenir ses ardeurs.

Lorsque ses iris se posèrent sur Aedan, tout son corps semblait le réclamer. Son souffle s'interrompit le temps d'un instant, se bloquant même dans le creux de sa gorge. Quelle terrible personne était-elle d'avoir les images qu'elle avait en tête. Un scénario improbable ; le fantôme de ses songes qui la plaquait contre son bureau, dévorant une nouvelle fois son corps de la même manière que la dernière fois. Elle secoua un peu la tête, chassant ses images brûlantes de ses songes avant de se retrouver face à lui, les bras croisés contre sa poitrine. Elle eut presque envie de hurler en voyant son visage ne dessiner aucune nouvelle émotion. Peut-être s'en foutait-il beaucoup plus qu'elle. Que cette soirée n'avait en réalité, pas compté et qu'elle était la seule à revoir le film de cet acte folâtre. Calme toi Anderson, il y a pleins d'autres hommes dans cette ville. Pourquoi c'est lui qui te fait autant d'effet ?

J'imagine que je n'ai pas trop le choix. Grogna-t-elle en lui tendant les clés du véhicule. Ce n'était pas la première fois qu'elle se trouvait à proximité de lui depuis cette fameuse nuit et pourtant, son corps bouillait encore comme à la première minute. Déjà, lorsqu'elle l'observait boire son café en sa compagnie ou qu'il débarquait chez elle aussitôt qu'elle le réclamait, son corps s'emballait, mais cette fois-ci .. Elle savait qu'elle passerait près de huit heures, seules à ses côtés. Je te raconterai tout dans la voiture. Réponse vive, avant de prendre son manteau pour l'entraîner avec elle à l'extérieur. Une fois assise du côté passager, elle eut l'impression de manquer encore plus d'air. L'espace lui semblait soudainement infiniment petit. À peine bougeait-elle le bras ou le coude qu'elle le touchait, lui et ça... Elle savait que c'était très dangereux. Tu peux t'arrêter quelque part pour que je récupère un café avant ? Parce qu'évidemment, elle serait forcément plus alerte avec ça, sachant que ses nuits devenaient un vrai enfer. J'en ai bien besoin.. Ajouta-t-elle dans sa barbe. Véhicule en marche, elle vint immédiatement plonger son attention dans les dossiers qu'elle avait sur les genoux, évitant de laisser son esprit s'emporter encore plus, à la seconde ou son corps frôlait le sien. Alors, c'est un groupe de trafiquants d'armes et de drogue que le bureau pistait depuis un petit moment déjà. Nous n'avions pas vraiment de planque précise, mais il paraîtrait qu'ils ont élu refuge dans un ancien entrepôt abandonné dans Tribecca. On doit surveiller les allées et venues .. Si on repère un de ses trois visages. Elle s'interrompt, venant brièvement lui montrer un cliché des suspects. On appelle du renfort et tout le monde débarque. Elle vient fermer le dossier brusquement, déviant les iris en sa direction. Pour une fois. T'as des questions ?

Il y a de ces moments au bureau où il se perd à la regarder, des fractions de secondes volées au temps mais bien présentes. Il espère seulement que personne n'a remarqué qu'il se permettait ce genre de choses. Il n'a pas vraiment besoin d'une rumeur pour noircir le tableau. Déjà que ces collègues l'ont toujours trouvé un peu hors du temps, étrange, froid. Sa technique ultime pour parer à ses désirs et pensées qui divaguent : agir comme si elle n'existait pas. Au moins au boulot en tout cas, parce qu'il se pointe chez elle dès qu'elle l'ordonne, incapable de refuser. Pauvre fou qui se tire une balle dans le pied. Pour l'éviter aujourd'hui ceci dit, ça risque de se corser puisque la direction a eu cette idée incroyable de les fourrer ensemble. Super.  en effet. il récupère les clés qu'elle lui tend, sa main qui frôle la sienne. Geste foutrement anodin qui pourtant le transporte dans ses rêveries les plus folles au sujet de cette nuit là. Il reste là, bloqué, à la fixer intensément avant de s'agiter plus que de raison et filer vers la sortie de ce bureau devenu soudainement trop étroit.

Ils entrent à l'intérieur du véhicule et Aedan hoche la tête suite à se requête. Mais avant ça, il a besoin des infos principales de cette planque, c'est elle qui se charge de le faire, supérieure hiérarchique directe. Il s'approche un peu quand elle sort les photos du dossier, son parfum qui vient lui titiller les narines. Alala, vraiment, il comprend mieux pourquoi le directeur préfère ne pas voir de relations amoureuses dans les services, c'est clairement un motif pour faire du mauvais travail. Ophelia perturbe totalement sa concentration. Il se perd d'ailleurs à la regarder au milieu de ces explications et la fixe trop charnellement. Elle termine par une question piège, est qu'il a des questions... Regard qu'il détourne rapidement en se reculant contre son siège. humhum non, c'est bon. La direction du café le plus proche qu'il emprunte avec avoir tourné sa clé dans le véhicule. Au moins, s'il se concentre sur la route, il ne sera pas happé par autre chose et c'est déjà un bon début. Il s'arrête finalement devant le café en question et se tourne vers elle. je bouges pas du coup. qu'il finit par dire alors que la jeune femme pose une main sur la portière. Son regard lui dévie instinctivement sur sa silhouette alors qu'elle s'éloigne, il se laisse même avoir par ce jolie derrière rebondi. Reprend toi mec. Pas du tout dans ses habitudes d'être obsédé à ce point par une femme, encore moins une collègue et il est totalement dérouté par cette situation, ne sachant pas trop quoi faire de toutes ses émotions qui viennent le chercher.

Elle revient quelques minutes plus tard, café en main et retrouve un Aedan totalement perdu dans ses pensées. on y va du coup. Adresse entrée dans le GPS alors qu'il l'attendait, il démarre. tu... enfin tu vas bien ? Non mais sérieusement ? Pourquoi est il si gêné, c'est affreusement affligeant. Il se redresse sur son siège et fixe la route.

En quelque part, elle trouve ça presque bizarre de faire un briefing de dossier à Aedan. Sa seule envie serait de venir se blottir contre son être, le dévorer de nouveau et se cacher du monde entier dans cette voiture, seulement pour aujourd'hui. Sauf que la réalité en voulait autrement, elle devait enfiler le masque du lieutenant et lui parler comme tel. Peu évident, très peu évident. Elle est presque soulagée de s'extirper du véhicule le temps d'un instant, même si c'est pour aller chercher une simple boisson chaude. Est-ce que ses mains tremblent ? Bordel, pourquoi elle est dans un tel état ? Elle décide d'en emmener un à Aedan, se disant bien qu'il en aurait besoin aussi .. Autant dire qu'elle était presque heureuse de lui faire cette petite surprise. J'ten ai pris un. Dit-elle tout en venant reprendre sa place à ses côtés, aussi .. difficilement que possible. Je pense que tout les deux on en a .. besoin.

Ce matin, elle se demandait presque si les ressources humaines n'avaient pas eu vent de cette fameuse nuit. Peut-être pouvaient-ils lire la culpabilité qui dévorait le faciès de la brune ? Ou encore .. Y découvrait-il même une satisfaction ? Sûrement pas. De son côté, elle n'avait pas parlé. Ces images enfouient comme un secret dans ses songes, elle préférait revoir le film de cette soirée en boucle dans sa tête. C'est lui qui la sortit de ses rêveries cette fois-ci. Doucement, elle tournait son visage vers le sien, dessinant un sourire délicat à la commissure de ses lippes. Je vais bien. Je pense à toi sans arrêt. Et toi ? Prends moi, ici et maintenant. Soudainement, elle vient poser son café dans le porte gobelet, tournant un peu son corps en sa direction. Écoute, je sais que c'est extrêmement étrange comme situation .. Si jamais tu n'es pas à l'aise, je peux demander une autre affectation. Je ne veux pas que tu passes une mauvaise journée ..

De son côté, elle ne souhaiterait pas être ailleurs. Il y a quelque chose d'apaisant et de réconfortant près de lui. Comme si elle le connaissait depuis toujours, qu'il faisait partie de ses plus beaux souvenirs. Trop de tours d'horloge avaient passé depuis la dernière fois où elle avait ressenti cet apaisement, ce baume contre son être entier. Elle grogne presque de se dire que Blackwell s'immisce un peu trop dans sa tête, dans ses rêveries. C'est le meilleur moyen pour un ticket de première classe dans son coeur, elle ne peut pas. Il ne faut pas. Elle ferme les paupières le temps d'un instant, inspirant profondément. Sa main vint se poser avec douceur contre son épaule, électrifiant presque son être avec ce simple toucher. Je .. Je ne regrette rien.

Le café ne suffira surement pas à taire cette lutte interne qu'elle provoque mais sans doutes qu'il pourra contribuer à l'atténuer, forçant les deux collègues à se concentrer sur autre chose que ce que leurs regards suggèrent. merci. Cette nuit, cachée aux yeux du monde a pourtant des répercussions sur leurs travail respectifs. La preuve en est : il a bien du mal à se concentrer sur la route pour arriver au lieu de la planque. S'ils avaient sur avant d'avoir flirté l'un avec l'autre qu'ils seraient collègues, ils se seraient probablement abstenus. Ceci dit, l'attirance est là, depuis le début, et pas seulement parce que leurs chairs nues se sont retrouvés en collision l'une avec l'autre. Il est fort possible que le sentiment de désir aurait émergé à un moment ou un autre. Les yeux rivés sur la route, il lui demande tout de même comment elle va, après tout, ils vont passer quelques heures l'un avec l'autre, le silence devra être rompu à un moment ou un autre. Elle répond avec autant de banalité que lui avant de se tourner dans sa direction pour poser une bombe, ou crever l'abcès. Histoire d'aggraver un peu leurs cas, parce que maintenant qu'elle a posé des mots précis sur son ressenti, il comprend qu'il n'est pas seul dans l'affaire à se poser un million de questions et partager cette envie fulgurante de recommencer. Le mieux, c'est de faire comme si de rien n'était en continuant de poser son regard partout autour de lui, sauf sur elle n'est ce pas ? c'est bon, on est tous les deux adultes et capables d'gérer la situation. Non. Ils ne le sont pas. Enfin, il ne l'ai pas, parce qu'il suffira d'un simple geste pour qu'il retire les barrières imposées et se laisse aller contre sa peau.

Sa main glisse contre son épaule et un mouvement de recul le transperce, le contact physique est définitivement une mauvaise idée. Je ne regrette rien. Holy shit, elle a pas dit ça ? Il sent ses muscles se tendre, sa gorge s'assécher. Ses mains moites collées contre le volant, il trouve une place -un peu à l'arrache- sur le bas côté et se poste sur cette dernière. Il serait fort dommageable de provoquer un accident à cause de tous ces sentiments contradictoires qui viennent l'ensevelir. Y'a comme un petit ange sur son épaule qui lui dit d'être responsable et prendre le soucis posément et le diablotin en face qui lui hurle de se jeter sur elle dans cette voiture dans cette rue trop passante pour que personne ne les repère. Soupire de circonstance, il prend une grande inspiration avant d'enfin oser un regard dans sa direction. cette nuit là c'était... vraiment bien. Grandiose, épique même mais il reste sur la réserve pour ne pas lui donner trop d'espoir quant à la suite : on est deux adultes responsables et qui ont à cœur de faire leurs travails correctement alors... comme tu l'as dis le premier jour, peut être qu'on pourrait simplement faire comme si ça n'était jamais arrivé et être... amis ? crétin. Il s'voile la face s'il pense sincèrement qu'il peut être seulement son amie. Impossible. Il tient trop à elle pour ça. Il a trop envie de lui retirer ses fringues pour que ce soit envisageable. Pourtant, ce serait la meilleure chose à faire non ? Elle risque sa place et lui son cœur.

En temps normal, lorsqu'elle passait une nuit dans les draps d'un visage inconnu, elle oubliait tout dès le lever du soleil. Les réminiscences de la veille se terminaient bien rapidement et elle n'y pensait plus du tout. En temps normal. Cependant, Aedan avait éveillé quelque chose dans son être. Il y avait cette flamme qui ne cessait de brûler dans le creux de son ventre, ces souvenirs qui venaient à son esprit plus souvent qu'autrement. Les paupières fermées, elle arrivait presque à sentir ses doigts parcourir son échine, la chaleur de son souffle qui se placardait contre ses lèvres. Elle se laissait souvent surprendre à revivre ce moment encore et encore. Putain, pourquoi est-ce qu'elle avait proposé qu'une seule nuit ? La phrase d'Aedan lui retire la réplique de la bouche, elle aurait voulu répliquer que non, qu'elle est complètement incapable de gérer la situation, mais de son côté .. Il semble si sérieux, si .. Détaché. Oui, t'as raison. Son coude se pose brutalement contre le bord de la fenêtre et le menton dans sa paume. Elle aurait voulu grogner, lui dire qu'en fait ; elle ne peut pas du tout se sortir ce moment de la tête et qu'elle crève d'envie pour reproduire cet échange. On gère.

Évidemment, à peine le frôle-t-elle, qu'il vient se reculer. De son côté, il doit définitivement regretter tout ça. Elle inspire profondément, venant tourner le visage vers l'extérieur. Elle sait qu'elle risque son poste en ce moment, que ses valeurs en lien avec le boulot prennent une tournure totalement différente. Brunette normalement si droite, si franche et si directe et pourtant, elle croule dès que le regard azuré d'Aedan se pose sur elle. Amis ? Quelle drôle d'idée. Elle en serait complètement incapable, sachant que tout ce qu'il l'obsède en ce moment ; c'est de venir emprisonner son visage pour l'embrasser à pleine bouche. Je n'ai aucun ami au boulot. Réplique t-elle d'un timbre de voix frigide est presque déchiré. Si c'est le motus operandi qu'elle doit utiliser pour le sortir de sa tête, c'est ce qu'elle fera. À la suite d'un raclement de gorge, son corps se redresse fièrement, alors qu'elle reprend le dossier en main. Prends à gauche, la planque devrait se trouver sur le coin de rue. Gare toi à au moins dix mètres. Sinon on va se faire griller. C'est en un claquement de doigts que le masque du lieutenant vient reprendre place sur son joli visage de poupée. C'est avant de sentir son battant briser en mille morceaux qu'elle prend la décision de se détacher totalement de lui. Sinon, elle souffrira plus que de raison. Le café qui revient à ses lèvres, elle en prend une gorgée encore brûlante pour tenter d'éveiller son esprit endolori. Pourquoi ça fait si mal ? Elle ne devrait pas avoir ce sentiment dans son corps. La semaine prochaine, il y aura la collecte de fonds. Tu viens à la réception ? Imbécile. Elle devrait être détachée de lui. C'est bien ce qui lui a demandé subtilement, non ? Elle se reprend, venant passer une main dans ses cheveux bruns. M'enfin, tout ça pour dire que tu dois donner ta présence aux RH. Rapidement.

Non, il ne regrette pas. Pas du tout même. C'est plutôt le contraire, mais l'avouer rendrait tout ça beaucoup trop réel et les deux anciens amants ne peuvent pas se permettent de s'engager dans quoi que ce soit. Sous peine de se retrouver totalement prisonnier de son emprise. Il a déjà donné Aedan par le passé dans les relations impossibles et ça s'est terminé avec son cœur écrasé en morceaux. Il est trop borné pour vouloir recommencer mais assez passionné pour que son cerveau s'éteigne et laisse son corps parler. Cet air détaché qu'il feint à la perfection. A l'époque où il était au cirque, il était juste là, souriant, masquant totalement sa crainte, parce que ces acrobaties sont pour le moins dangereuse et il avait toujours cette boule au ventre avant de se lancer. Jusqu'à ce qu'il ne puisse plus. Jusqu'à cette chute. Celle qui a entrainé la fin d'cette vie. Celle qu'il a balayé d'un coup de balai, pensant avoir tiré un trait dessus. Il avance donc sans broncher qu'ils devraient plutôt essayer d'être amis et sa réponse le laisse sans voix, sa bouche entrouverte. Le même ton que le premier jour dans son bureau, quand elle a asséné avec autorité qu'il ne s'était rien passé entre eux. Glaciale et implacable. Elle reprend de plus belle, le sujet du travail qui revient sur le tapis. Sans le vouloir, sans le voir, il a simplement jeté un froid. Il suit ses indications sans ajouter un mot de plus, se demandant presque s'il en a le droit.

Il installe la voiture à quelques mètres, clé qu'il laisse contre le contact, moteur éteint. Surpris par sa question, il se tourne vers elle. Très franchement, ce n'est pas tout à fait le genre de truc qu'il aime faire, se dandiner devant la totalité de ses collègues habillé en pingouin sans trop savoir comment se comporter ou quoi dire à qui. tu y vas toi ? qu'il demande simplement, éludant un peu sa question au passage. Mais la vérité c'est que sa réponse pourra déterminer sa venue ou non à ce genre d'évènement. je ne savais même pas qu'il fallait donner une réponse. Pour le repas j'imagine. Ca semble logique dans le fond. Bruits de couloirs entendus. Après Aedan n'est pas le genre à s'attarder à la pause café avec ces collègues. Trop sérieux pour ça sans doutes. Disons qu'il préfère ne pas mélanger ces univers. Le boulot reste le boulot et ce n'est pas censé impacter sa vie privée n'est ce pas ? C'est d'ailleurs bien la première fois qu'il propose à quelqu'un du travail de devenir son amie. Sans doutes parce que c'est en quelques sortes le seul moyen de l'avoir près d'elle sans aller trop loin. regarde. C'est pas l'type de la photo ? demande t-il en regardant devant lui, sa concentration mise à rude épreuve.