Hold me down || Les Shelter

C’était une course effrénée que Shelter s’apprêtait à vivre de bon matin. Non seulement la journée était chargée à la clinique mais en plus, elle accueillait son frère, le plus âgé, le soir même pour dîner. Elle avait prétendu préparer le repas pour eux deux mais le traiteur faisait bien mieux à manger qu’elle et sans doute avait-il plus de temps à consacrer à cette tâche. La blonde s’était dit qu’elle ferait mieux la prochaine fois et qu’elle rattraperait le coup quand le temps le lui permettrait. Ceci dit, elle avait tout de même pris la peine de préparer le dessert dans la nuit, afin de ne pas décevoir complètement Stan qui s’attendait sûrement à un repas maison. Il fallait bien avouer que Joyce n’avait malheureusement pas hérité des mêmes talents culinaires que la matriarche et si elle avait parfois essayé de l’égaler, jamais elle n’avait pu toucher du doigt la facilité déconcertante que Pat avait pour préparer toutes sortes de plats.

Les journées passaient à grande vitesse quand on ne relevait pas la tête et celle-ci avait laissé le privilège à la seule fille Shelter de constater qu’il était déjà bientôt l’heure de quitter son poste. Ce qu’elle fit dès qu’elle en eut l’occasion, s’engouffrant dans la première rame de métro quand elle se retrouva sur le quai. Si elle était heureuse de retrouver son frère qu’elle n’avait pas vu depuis des lustres, elle ne pouvait se targuer d’être complètement décontractée avec l’idée de le revoir. La pression commençait à se faire ressentir et elle se demandait s’ils avaient encore des sujets de conversations en commun, tout comme elle se demandait s’il n’y allait pas avoir trop de silence gênant entre eux. Il s’agissait de son frère, mais ça lui faisait mal de l’admettre, c’était exactement comme si elle retrouvait un inconnu.

Ils avaient perdu contact si longtemps auparavant qu’elle redoutait de constater les changements qui avaient pu s’opérer sur son visage, son corps ou bien même sa personnalité. Les échanges qu’ils eurent par sms n’avaient pas suffit à en déceler le moindre indice. C’était la raison pour laquelle plus elle s’approchait de son appartement plus le palpitant au sein de sa poitrine s’était mis à s’agiter.
Loin d’être en avance, elle enfourna le gratin dès le pas de la porte passée puis changea de tenue seulement puisqu’elle avait déjà profité des douches du vestiaire de la clinique. Elle ne chercha pas à s’habiller à outrance, prit seulement la peine de se coiffer convenablement avant de mettre la table et d’attendre patiemment l’arrivée de son frère en s’imaginant divers scénarios parmi lesquels se trouvait celui où ils s’enlaçaient chaleureusement.