implosion. (aedan)

Sa première pensée se dirige automatiquement vers ses talons, petit grognement entre les lèvres. Chaque fois qu'elle se retrouve avec une telle arme aux pieds, elle se demande toujours pourquoi elle s'inflige une telle chose. Normalement, elle aurait pu se présenter à l'événement avec quelque chose de beaucoup plus confortable, mais l'image n'aurait pas été la même. Perchée sur ses hauts talons, elle observait la foule d'un œil avisé. Sans un mot, elle analysait les visages de ceux qui entraient, simplement pour poser les iris sauge sur une seule personne en question. Lui. Elle avait tenté, tellement de fois. Tenté de faire taire cette tempête qui s'animait dans tout son être, venant éveiller des émotions qu'elle ne pensait même plus être capable de ressentir. Elle avait aussi tenté de découvrir de nouveaux visages, se perdre dans les bras d'inconnus, embrasser les faciès sans nom et s'efforcer de retrouver cette connexion qui avait électrifié le moment avec Aedan. Elle avait tout tenté et pourtant .. Rien ne semblait lui arriver à la cheville. Hé oui, il avait frayé son petit chemin vers son battant fragile.

Debout, sur les marches de ce grand hôtel, elle appréhendait. Évidemment, elle savait qu'il participerait à cette collecte de fonds, qu'il se prêterait au jeu et qu'elle devrait presque l'ignorer toute la soirée, mais elle savait aussi qu'elle ne pourrait décrocher son regard de lui. Alors qu'elle échangeait avec son directeur, son œillade fut directement posée sur le brun qui entrait dans le lobby. Même s'il était entouré d'une décoration de luxe, même .. Très exagéré. Pourquoi est-ce que les ressources humaines avaient tenu à faire ça dans un lieux aussi chic d'ailleurs ? Elle ne voyait que lui. Le regard bleuté qui se perdait dans la pièce .. Oh comment elle aurait aimé pouvoir s'y accrocher. Digne d'une mauvaise comédie romantique. La princesse en haut des escaliers, totalement subjugué par le prince charmant à l'entrée. Elle tentait de garder un visage de marbre, refusant que tout le corps policier se rende compte de son obsession appréciation pour l'homme devant elle. Finalement, l'océan croisa la forêt. L'œillade qui rejoignit la sienne, un sourire sincère se dessina sur son faciès de pêche, terriblement heureuse de le voir. Même pas le temps de le saluer d'un geste de la tête, qu'une voix vint interrompre ses rêveries. J'ai pris un verre de champagne. Gavin Adler. L'ambulancier que tout le monde connaissait. La petite mèche blonde frivole, les muscles saillants, le prénom sur toutes les lèvres des mesdames. Néanmoins, ce soir il était son cavalier. Sa technique subtile pour se venger du commentaire d'Aedan, qui demandait uniquement une amitié auprès de la brune. Le bras qui s'enroulait autour de la taille de la brune, il l'approchait en sa direction, déposant un baiser contre le haut de son crâne, assez pour attirer son attention et qu'elle en oublie l'objet de son désir, là au rez-de-chaussée. Peu importe que le regard azur vint observer la scène. De toute manière, il avait dit ami, non ?

Soirée chic. Costume de rigueur. Pas son truc. Les bains de foule comme souvenir de son passé sauf que cette fois, les regards ne seront pas tournés vers lui. Une bonne chose. Le centre de l'attention, ça n'a jamais été un de ses désirs. Même à l'époque. Lui qui n'a pas choisi sa vie d'avant, traîner derrière deux parents nomades er cette voix tracée depuis l'enfance sans se poser de questions. En passant la porte, il se questionne sincèrement et se dit qu'il ferait peut être mieux de faire demi tour sous un prétexte frauduleux. Puis son regard croise le sien et un sourire vient instantanément couvrir son visage de lumière. Elle est belle. Et il comprend en une seconde pourquoi il s'est pointé ici. Juste dans l'espoir de la croiser, de la regarder à la dérobée sans qu'elle ne le remarque et pourquoi pas, d'échanger quelques mots. Sa robe rouge la fait scintiller de milles feux. Iris qui se perdent largement sur sa silhouette. Il a sans doutes l'air un peu niais à cet instant mais c'est le cadet de ses soucis.

C'était sans compter l'arrivée inattendu du blondinet à ses côtés. Grand, musclé, cliché de cet homme que l'on peut apercevoir dans les films à destination d'un public feminin. Pointe d'amertume qui le fait grincer des dents. Il encaisse pourtant sans rien en dire. C'est pas comme s'il n'avait pas l'habitude de voir la femme qu'il aime dans les bras d'un autre. Pincement au coeur, le fil de ses pensées est interrompu par un collègue. hein ? Oh oui bonsoir. tu vas bien, t'as l'air d'avoir l'esprit encombré. il passe une main derrière sa nuque.   je vais bien. quelques échanges de banalités se poursuivre quand Aedan voit la jeune femme s'éloigner un peu vers le bar, sans doutes pour se servir un second verre mais surtout... Seule.   tu m'excuses une minute ? ses pas se mettent à poursuivre sa direction, comme aimantés par sa présence. Il s'installe alors à côté d'elle avant de prononcer quelques mots, comme un reproche :   je savais pas que tu voyais quelqu'un. pas le droit. Il ne devrait pas prononcer ces mots. Elle ne lui appartient pas. Elle n'a jamais été sienne. Ils n'ont fait que partager une nuit de folie n'est ce pas ? Alors pourquoi son myocarde s'affole quand elle est dans le coin. Pourquoi son estomac se tort à l'idée qu'elle puisse être avec quelqu'un d'autre. Ça n'a aucun sens. Un regard vers elle pourtant, insistant. Comme si elle était en tort.

Gavin était le plan B. Dans ses songes, la présence du blond ne faisait pas partie des premières prémisses. Elle avait seulement usé de l'opportunité pour ne pas se retrouver seule et de tenter de se prouver à elle-même que la suggestion de l'amitié avec Aedan lui plaisait. Gavin n'y avait vu que du feu. Lorsque la voix suave d'Ophelia avait raisonné dans le téléphone, le serpent avait envoûté sa proie. Quelques mots gentils pour lui dire qu'elle pensait à lui, qu'elle voudrait de sa présence à la collecte de fonds, des paroles mensongères pour le garder près d'elle et utiliser sa présence. Il avait emprisonné son visage entre ses larges doigts, venant poser ses lèvres aux siennes pour l'embrasser tendrement avant de venir discuter auprès de visages connu. Je vais au bar. Avait elle murmuré contre ses lèvres, presque dégoûté de cet échange parce qu'elle pensait à quelqu'un d'autre à ce moment. Elle avait besoin d'air. Sortir d'ici, s'éloigner de lui. S'éloigner d'eux.

Donnez moi quelque chose de fort s'il vous plaît. Accoudée contre le comptoir de marbre, elle avait enfoui son visage entre ses paumes de main. Elle s'en voulait. Non pas d'avoir emmené Gavin à ses côtés, mais de vouloir avec son regard azur sur elle. De vouloir ressentir le bout de ses doigts qui glissaient contre son échine et d'avoir son attention à elle, uniquement sur elle. Pardon ? Voix qui l'a sortie de ses rêveries. Elle aurait pu reconnaître le timbre éraillé dans une foule. Lui. Son visage se retournait en sa direction, alors que ses sourcils se froncèrent doucement. Je ne savais pas que je devais te le dire. Elle avait répondu d'une façon glaciale, de la même manière que lui. Après tout, il n'avait aucune raison de lui en vouloir, ni même de connaître sa vie en détails. Le mur avait été clair, aucune amitié entre collègues. Pourtant .. Elle mourrait d'envie d'échanger des messages sans arrêt avec lui, connaître son emploi du temps, à quoi il pense, ce qu'il fait .. Elle voulait connaître tout ça. Devant elle, le barman déposait le verre convoité. L'unique remède contre son myocarde qui tambourinait avec violence dans sa cage thoracique. Portant le verre à ses lèvres, son corps se tournait finalement complètement en direction, optant pour une position avantageuse qui dessinait sa silhouette dans le tissu de satin. Qu'est-ce qui se passe Blackwell ? Jaloux ? Sourire joueur contre son verre, l'œillade narquoise. Elle eut à peine le temps d'ouvrir de nouveau les lèvres avant que son cavalier ne revienne de plus belle. Tu es là ma belle ! Je venais te dire que je vais trouver nos places, tu viendras me rejoindre ? Soufflait-il de façon presque vulgaire, glissant le bout de ses doigts dans l'ouverture de sa robe pour y caresser son échine. Le derme qui .. Normalement aurait dû être caresser par Aedan. Oui bien sûr, vas-y, j'arrive tout de suite.

Jalousie mal placée. Abusive. Sa tourmente qui le pousse à la suivre jusqu'au bar alors qu'il aurait mieux fait de se contenter de ravaler toute cette colère et cette agressivité passive qui lui noue les entrailles. Ophelia qui n'a sans doutes pas à recevoir tout ça de plein fouet. Mais voilà, son cœur s'affiche plutôt que sa tête et il prononce quelques mots pour le moins teinté de froideur. Enfermé dans ce cercle vicieux qui le ramène constamment vers la jolie policière. Il a beau se dire que ce n'est rien d'autre que la tentation de recommencer qui l'effleure, son myocarde lui, semble d'un tout autre avis. Oui, il lui en veut, mais il s'en veut surtout à lui même pour avoir laisser les choses déraper à ce point. Affreuse méprise. Parce ces deux cons pourraient être heureux si seulement ils s'avouaient un peu les choses plutôt que de tourner en rond comme des poissons rouges dans leurs bocal.  j'aurai juste aimé le savoir. qu'il ajoute d'un ton neutre avant de commander une boisson à son tour. Forte. Histoire de taire cette voix dans sa tête qui lui hurle de se mettre entre elle et ce... petit ami ? vous étiez déjà ensemble quand on a couché ensemble ou tu aimes multiplier les conquêtes ? Oui, il va beaucoup trop loin. C'est mesquin, cette façon qu'il a de vouloir la blesser pour simplement comprendre, lui qui avait juste espéré ne pas être une case de plus à cocher sur son tableau de chasse.

Le verre est posé devant lui et l'Blackwell le porte instinctivement à sa bouche. Pas le temps de répondre à sa question, pas le temps de s'attarder sur le fait que NON, il n'est pas jaloux avec un argumentaire totalement de mauvaise foi. Regard qu'il détourne rapidement quand ce cher Gavin revient près de sa dulciné, marquant ainsi irrésistiblement son territoire. Ma belle ? Pathétique comme surnom non ? Il serre son verre avant de venir engloutir une seconde gorgée. Mais lorsque le petit con laisse son doigt filer dans le décolleté d'Ophelia, il sent son myocarde s'arrêter de battre. L'impression mesquine de suffoquer. Il souffle une seconde avant de se tourner vers le petit couple, s'imposant dans la discussion. bonjour, je suis un collègue d'Ophelia. Enchanté. Et vous êtes ? Ce n'est pas son prénom qu'il veut entendre, plutôt son statut même si leurs proximité laisse a penser qu'ils sont ensemble. Tout ça alors qu'elle lui disait quelques jours plus tôt qu'elle ne regrettait pas leurs nuits ensemble. Raah. Il a envie de hurler. Sans doutes un mal pour un bien, ça aurait été trop compliqué tous les deux.

Étrangement, elle se sent prise au piège. Comme si elle s'était fait prendre à tromper son petit ami, la main dans le sac. Pourtant .. Il n'était qu'une seule nuit de sa vie, une seule et pourtant si marquante. Elle se voilait la face, ce n'était plus seulement son côté professionnel qui en prenait un coup, mais aussi son battant qui s'affaiblissait devant lui. Elle s'était promis que non, qu'elle ne le laisserait pas s'infiltrer de cette façon. Aimé le savoir ? Ses sourcils se froncent, laissant apparaître une pointe d'amusement contre ses lèvres. Elle laisse glisser le bout de sa langue sur le rosée de celles-ci. Jaloux ? Impossible. Il était le premier à avoir réduit cette nuit à une simple erreur agréable et proposer d'en faire qu'une amitié, basique. Je ne savais pas que je devais te raconter ma vie. On n'est pas si proche que ça. Et pourtant .. Elle ne pouvait pas renier tous ces sms envoyés, sourire aux lèvres, comme deux adolescents chacun dans leur lit. Les moments ou elle avait supplié sa présence, simplement pour sentir son être à ses côtés. Toutes ces fois ou elle devait prendre sur elle pour éviter de s'emparer de ses lèvres, de venir prendre place sur ses genoux pour relever sa robe et s'unir à lui de nouveau pour un nouveau souvenir qui grugerait ses songes. Excuse moi ? De quel droit ? Elle répond brusquement à son commentaire. Comme une insulte en pleine gueule, ses mots avaient heurté son être entier, en venant même à faire un pincement sur le myocarde abîmé. Le nombre de personnes avec qui je couche ne regarde que moi. Je trouve le plaisir là où je veux. J'ai plusieurs .. Amis aussi. Réponse presque râlé entre ses lippes. Elle ment mais ne lui avouera jamais. Même en compagnie de Gavin, les choses restent simples. Il avait beau tenter de l'attirer dans son lit, elle ne faisait que jouer, que garder les choses en surface pour se changer les idées mais .. Son désir n'allait que pour Aedan.

Le reste de son verre glisse presque tout seul dans le creux de sa gorge avant qu'elle claque le verre contre le comptoir de marbre. Elle aurait voulu tourner les talons, évitant de poursuivre cette conversation et éviter le spectre de son désir pour s'enfuir mais non .. Son petit jouet en décide autrement. Oh ! Bonsoir Monsieur Blackwell. La main qui se tend vers la sienne. Gavin Adler, je suis .. En retard ! Interrompit elle rapidement pour éviter qu'il vienne gâcher son petit jeu. Les doigts de la brunette qui glissaient contre le menton de Gavin, tournant son visage vers le sien pour l'approcher vers elle. Allons y avant que tout ça ne commence .. Souffla-t-elle avant de l'embrasser tendrement, peut-être trop passionné pour l'endroit mais tout en offrant une oeillade malicieuse à Aedan. Bonne soirée Blackwell. Silhouette frêle qui s'éloigne aux côtés du colosse trop musclé pour elle, ils gagnent leur place à la table qui .. Évidemment, devait être tout près de celle du fantôme de ses nuits.

Aedan agit de façon ridicule, comme un petit ami jaloux. Il n'est pas ça. Ils n'ont partagé qu'une nuit. Une seule. Alors pourquoi la jolie Ophelia semble s'être insinuer en lui comme un foutu poison ? Pourquoi est ce qu'il ne parvient absolument pas à la tirer de ces pensées et rêveries. Cette fille est une véritable sorcière et elle l'a envouté avec son filtre d'amour, aucune autre explication plausible ne tient la route. Il se donnerait presque en spectacle ce soir et ce n'est plus quelque chose qu'il fait. Il a trop longtemps été le centre de l'attention pour avoir envie aujourd'hui de jouer dans les coulisses. Puis il va trop loin, il la traite négligemment comme si elle n'était rien d'autre qu'une fille facile. Injure qui file avec mépris, simplement parce qu'il a mal, pas parce qu'il le pense. De toutes façons, qu'aurait il a dire sur ses fréquentations, ça ne le regarde pas le moins du monde et la jolie policière se charge de lui rappeler sur le même ton que lui. Sauf que sa réponse le laisse perplexe, alors il n'était qu'un ami de plus avec qui elle partage sa peau dénudée. Y'avait pourtant des instants où il avait l'sentiment que peut être, elle ressentait la même chose que lui mais elle vient aisément confirmer que s'engager dans quoi que ce soit avec elle serait une idée saugrenue. En dehors peut être d'instants débridés un peu fou. Parce que non. Ils ne sont pas amis. Ils ne seront jamais amis. Ils en sont l'un comme l'autre incapable alors qu'ils crèvent d'envie de se jeter l'un sur l'autre.

Il arrive. Lui. Cet autre. La cause de sa jalousie grandissante. Si c'était la volonté d'Ophelia qu'il se torde l'estomac à l'idée qu'elle partage un moment intime avec un autre, elle a clairement gagné la première manche de ce jeu malsain. L'gamin se présente mais sa coéquipière lui ôte les mots de la bouche pour le trainer un peu plus loin, le saluant ainsi. Cruauté. Il sent ses jambes le tenir difficilement en la regardant s'éloigner à sa table.   un autre, s'il vous plait. qu'il demande poliment avant de prendre son verre et rejoindre sa table. Il semblerait que la soirée lui réserve bon nombre de surprises. Une chance, la silhouette gracieuse de Lana vient glisser sur la chaise à côté de lui. Une collègue. Une qui est sur son 31, comme tout le monde à ce cirque urbain. Quelques échanges de banalités, il tente d'oublier la présence de l'autre. Faire comme si elle n'existait plus dans son monde. Mission impossible. Il ne peut empêcher quelques regards à la dérobée. Rires échangés, les minutes qui suivent se dressent comme un parcours du combattant mais il s'en sort avec brio et se concentre pleinement sur les membres de sa table. A l'intérieur pourtant, ça grouille, il meurt d'envie de venir se pointer devant elle et dire : t'es à moi OK, oublie le lui. A la place, il ne fait rien. Il se contente de voir les minutes défiler longuement, discours qui s'enchainent. La nourriture trop guindée qu'il n'a pas l'habitude de manger qui se pose devant lui.  wow, au lieu d'nous offrir le repas, on devrait être augmentés tu ne crois pas ? il déclenche un rire. Une main qui vient se poser contre son épaule, douce et délicate. Lui qui s'rend pas toujours compte de l'effet qu'il peut avoir sur une femme. Se pourrait il qu'il lui plaise ?

Soudainement, tout prend les airs d'une relation d'adolescents malsaine. Depuis quand est-ce qu'elle se livrait à ce genre de jeu ? Surtout à son âge. Elle avait commencé hier soir, à la seconde même ou ses doigts avaient parcouru l'écran de son téléphone pour s'arrêter sur le contact convoité et lorsque les mensonges avaient glissés comme de l'eau hors de ses lèvres, cette invitation stupide qu'elle avait fait en donnant bien de faux espoirs à cet homme qui l'accompagnait ce soir. Non seulement, elle faisait une drôle de partie d'un jeu stupide avec Aedan mais elle l'avait commencé la veille. Seule. Mais .. Ce soir, les choses ont pris une tournure complètement différente. Étonnement, elle se rend compte qu'une pointe de méchanceté se trouve dans l'âme de son interlocuteur. Cherchait il à la faire sentir mal d'avoir plusieurs amants à son âge ? Est-ce qu'il voulait lui faire comprendre que l'image qu'elle dégageait était totalement disgracieuse ? Si c'était le cas, il avait bien réussi son compte. Pourtant, Gavin n'était qu'une distraction. Ses lèvres venaient de trouver les siennes depuis la première fois dans toute une vie, son corps n'avait jamais touché le sien encore. Tout ça n'était qu'un jeu puéril, tout ça pour se convaincre qu'il n'y avait pas plus que de l'attirance entre eux.

Elle voudrait crier, faire sortir sa colère de toutes ses forces mais pourtant, rien ne s'échappe de ses lèvres. Près d'elle, les rires de la table d'à côté viennent crisper sa mâchoire. De son côté, les conversations sont plus ou moins intéressantes. Elle en connaît assez sur les enfants de ses collègues maintenant, ayant eu droit à tous les diaporamas possibles, créer sur un téléphone blindé de jeu pour mômes impatients. Oh oui moi aussi j'aimerais un jour avoir un mari aussi gentil que vous. La main de Gavin ne cesse de se balader contre son échine, laissant de délicates caresses. Si c'était sa main à lui, Aedan, elle aurait adoré. Son corps aurait frissonné de haut en bas, les papillons dans le creux de son estomac se seraient mis à danser follement et probablement qu'elle aurait glissé ses lèvres aux siennes sans jamais les retirer. Foutaise. Au lieu de ça, le contact l'irrite, elle a presque envie de se retourner pour repousser sa main et de faire tomber cette .. Lana, de sa chaise. Elle est qui d'abord ? Pourquoi est-ce qu'elle agit de cette façon avec son homme. Elles sont douces les langues de vipères. Mensonge ! Il ne lui appartient pas. Je suis désolé, je dois aller me rafraîchir un peu.

Les iris rivés au sol, elle quitte la table presque aussi rapidement qu'un coup de vent, verre de bourbon en main. Incapable d'entendre les discours encore et encore, d'avaler une bouchée de cette nourriture trop sélecte sans vouloir hurler de rare face au rire strident de Lana. Mais quel âge qu'elle a soudainement pour être jalouse comme ça ? Seize ? Dix-sept ans ? Petite caricature qui finit par sortir de la pièce, trouvant refuge dans le lobby, bras croisés contre sa poitrine. Autour d'elle, quelques malheureux dans son genre. Des gueules rivés sur leur téléphone, cherchant un moyen de se sauver, des alcooliques au bord du précipice et elle .. Âme esseulée qui se meurt d'envie pour un homme qui s'amuse bien sans elle. Verre scotché aux lèvres, elle aperçoit une silhouette familière provenir de la même porte qu'elle. Son fantôme, lui. Le tourbillon d'émotions recommence, la colère, la jalousie et le désir. Drôle de cocktail. Tu veux quoi ? Dernière gorgée de bourbon qui glisse un peu trop facilement dans sa gorge. Au fait, elle est très belle. C'est pour quand le mariage ?

Il ne remarque pas vraiment qu'elle est en train de flirter avec lui, ou peut être bien qu'elle redore son blason de coq désespéré et que ça le rassure. Alors oui, il en joue un peu, blague qui n'était pourtant pas si drôle, qui ne méritait pas ce genre d'ovation. Puis dans l'fond, ça n'ira jamais plus loin cette affaire, quitte à briser la règle de sortir avec une collègue, ce n'est clairement pas elle qu'il choisirait en tête de liste. Cette soirée qui commence à ressembler à une vaste mascarade. Chacun dans son coin, usant de stratégies minables pour rendre l'autre jaloux. Ils sont un poil pathétique si on se pose deux secondes pour les observer et tenter de comprendre ce qui se joue derrière ce théâtre de faux semblants. C'est désormais une certitude, il n'aurait pas du venir ce soir, parce que la voir dans les bras d'un autre lui tord les boyaux. Ce n'est pas le repas, non, c'est ces foutus sentiments qu'il rejette en paquet. Lui qui n'assume pas qu'en une nuit, elle a réussi à lui rentrer dans la tête. La seule autre femme pour qui les émotions étaient aussi vives était Solange et là encore, elle ne lui appartenait pas. Schéma malsain qui se répète. Il ne peut pas. Il a failli en crever la dernière fois, il ferait mieux d'se barrer là, comme ça, prétextant simplement un mal de ventre et un bien de s'allonger. Personne ne lui poserait de questions.

Fourchette qu'il pose sur le côté alors que son assiette est presque pleine. Tu n'as pas faim ? pas vraiment, je vais aux toilettes, tu m'excuses une minute. Parce qu'il l'a vu partir. Parce que c'est plus fort que lui. Incapable de s'retenir de la rejoindre, comme aimanté par sa présence. Le corps qui prend l'dessus sur la tête, clairement. Cette attirance qu'il ne peut plus retenir. Sa silhouette qu'il en vient même à suivre dans les toilettes féminines. La cambrure de son dos qu'il rêve de retrouver contre ses doigts. Il écoute ces mots mais aucun son ne sort de sa bouche. Il se contente de l'observer en silence. Jalousie qui gronde à en faire pâlir les morts. Et puis merde non ? Il comble la distance entre leurs deux corps et vient plaquer ces lèvres contre celles d'Ophelia. Si brutalement que le geste est maladroit. Abruti, qu'est ce qui te prend. Son visage s'éloigne doucement, souffle qui vient s'percuter contre ses lèvres, haletant. Il a clairement perdu le contrôle sur lui même et semble prendre conscience seulement à l'instant de ce qu'il vient de faire, comme si il était en mode automatique. Il recule alors d'un pas. Perdu. Le regard vidé de toutes ses émotions contradictoires. Le calme qui s'impose quelques secondes avant qu'il ne dise : j'suis certain que tu t'amuserais bien mieux avec moi. qu'il finit par dire, comme possédé. Sérieusement. Quel crétin d'oser prononcer ce genre de trucs totalement arrogants. Il lève alors les yeux au ciel avant de tourner les talons et se ridiculiser d'avantage. Heureusement que la honte n'éttouffe pas parce qu'il aurait finit six pieds sous terre ce soir.

Elle aurait dû rigoler. Trouver cette situation loufoque et s'amuser de voir une blonde désespérée venir draguer l'officier de policier avec vigueur. Tout ça aurait dû être drôle. Finalement, des émotions inespérées s'emparent de la brune, devant presque comme un cauchemar. Assise à cette table, elle s'empoisonnait lentement avec le manque d'oxygène et la colère qui bouillait dans ses veines. Un nombre incalculable de gorgées d'alcool avaient franchi ses lèvres, comme si ce délicat nectar allait lui permettre d'oublier cette jalousie malsaine. Dans son passif, les sentiments amoureux lui avaient des tours funestes et elle s'était promis de tirer un trait sur tout ce qui semblait animer son battant brisé mais aujourd'hui .. La porte semblait forcer pour s'ouvrir de nouveau et elle n'était définitivement pas prête pour incendier son âme de nouveau. Incapable de rester assise en silence, forçant le sourire à Gavin près d'elle et de faire semblant d'apprécier le contact de son échine contre la sienne, elle avait dû fuir. Encore une fois, accompagnée de son poison doré, pensant qu'il était la réponse à ses problèmes.

Lorsque ses iris avaient aperçu la silhouette du fantôme de ses nuits, son battant semblait s'être frigorifié dans sa cage thoracique. Pourquoi il était soudainement près d'elle ? Son petit jouet de plastique ne l'intéressait donc plus ? Peut-être voulait il narguer la brunette en lui confirmant que tout était bien meilleur qu'avec elle. Elle se perdait dans le bleu de ses yeux, pendant qu'il semblait être extrêmement passif devant ses mots un peu agressifs. Son faciès était de glace, imperturbable devant l'agressivité de la brune. Mais .. Avant même qu'elle ne puisse rétorquer quelque chose d'encore plus brutal qui aurait été diriger par sa jalousie ou son sentiment de rivalité, les lèvres d'Aedan avaient retrouvé les siennes. Ce baiser étrangement maladroit, mais avec un goût aussi aromatique que les premières fois. À peine quelques secondes, mais tout son corps entier qui s'animait de nouveau. Léger grognement de déception qui résonnait dans le creux de sa gorge lorsqu'il interposa une nouvelle distance entre eux. Et toi ? Tu ne t'amuses pas avec ta Barbie ? Petit commentaire cinglant qui avait été balancé comme une bombe. Elle n'avait rêvé que d'une chose ; lancer un pic malfaisant contre cette Lana qui avait semblé prendre la place qui aurait dû être sienne. Néanmoins, elle trouvait les allocutions qui venaient d'être crachées comme un venin était en réalité sournois et ce n'était pas elle de faire ce genre de chose. Stupide commentaire digne d'une adolescente. Pour l'empêcher de s'éloigner une nouvelle fois de sa personne, elle lui emboîta le pas pour plaquer sa main contre la porte, lui abstenant de l'ouvrir. Alors, prouve moi le. Dit-elle avant de le forcer à se retourner pour l'adosser avec vigueur contre le portail qui séparait la réalité de leur petit jeu d'enfant. Sa délicate patte vint se plaquer contre sa nuque, l'approchant d'elle pour retrouver ses lèvres de nouveau. Le baiser était à la fois tendre mais empli de désir brûlant. Évidemment, le manège n'était qu'éphémère, factualités déplaisantes bien présentes derrière la porte.