(appel) oscar & sixtine

( jeudi 28 décembre )

sixtine est sortie de table y'a une heure maintenant, elle est sur le petit balcon de sa chambre - un verre de vodka dans la main droite, son téléphone dans la gauche. est-ce qu'elle a picolé de trop ? elle aurait dû s'arrêter y'a de ça deux verres.

- pourquoi y répond pas. roh.

Clope au bec, son appartement qui empeste de ce doux nectar. À l'époque où il vivait avec Sixtine, elle l'aurait tué pour avoir osé allumer une cigarette à l'intérieur. Un des rares avantages à vivre -presque- seul. Il râle en posant la manette sur la table basse. Son téléphone qui affiche son nom et ces yeux qui s'arrondissent. Allô ? lui qui s'attendrait presque à recevoir un lot d'insultes d'un de ses proches via son numéro. Six ? C'est toi ?

ça sonnait contre son oreille mais ça ne répondait pas. et ce bruit là ? qu'est-ce que ça pouvait bien l'agacer la ryder... une gorgée. puis deux. aïe, ça brûle la vodka pure. puis trois.

- eh bah c'est pas trop tôt. avait-elle finalement déclaré après avoir entendu le son de sa voix. nooooon. c'est pas moi. un rire au bout des lèvres, le verre posé sur le rebord. tu fais quoiii? est-ce qu'elle l'avait appelé pour savoir ça ? non, bien sûr que non, rien à secouer même. mais bien que bourrée, six restait malgré tout un minimum polie.

Sourcils qui se froncent. Cette voix qu'il reconnaît trop bien. Elle a trop bu. Indices parsemés sur le faux compte adopt qu'il a créé même si elle n'avait pas l'air ivre morte par écrit. Pas la première fois qu'il doit ramasser ses mots qui sortent sans filtre alors que l'alcool coule dans ses veines. S'il y a bien un truc qu'il n'apprécie pas. C'est qu'elle se noie dans la tequila. Rien de particuliers. J'suis chez moi. un poil inquiété, il reprend : t'es où toi ? Ça va ? il sait d'expérience que lui faire remarqué qu'elle a avalé trop d'alcool ne le mènera nulle part.

sixtine s'était retournée pour s'accouder à la rambarde - vue sur sa chambre et son lit défait. han. oké. qu'elle avait répondu avant de pousser un profond soupire. sixtine et l'alcool ? une grande histoire d'Amour depuis toujours... plus solide que celle avait oscar visiblement. en alaskaaaa. et, au balcon. comme juliette. qu'elle s'était ensuite exclamée avant de se pencher un peu en arrière - cheveux au vent. j'ai froid dans mon lit toute seule. ça caille dans c'te partie du globe purée.

Le ton est neutre pour ne pas trahir son émoi. Gamin qui exprime trop difficilement ce qu'il ressent. Pas doué pour un sou. Il écrase sa cigarette dans le cendrier devant lui, ses mots qui confirment le diagnostic : elle est bourrée. Rentre si t'as froid. et sans savoir pourquoi, le fait qu'elle précise qu'elle est seule le rassure. Lui qui prend soin d'éconduire tous les prétendants qui pourraient avoir une chance avec elle. Le trait non tiré sur cette histoire qui représente trop pour être supprimer d'un coup de balai. Tout comme leurs souvenirs. Prends un avion et vient me voir. sourire qu'elle ne voit pas, le ton toujours aussi calme tandis qu'il reprend : ou à défaut, installe toi avec un plaid devant le radiateur. T'as toujours été frileuse.

Le nez de la blonde ainsi que le bout de ses doigts étaient rouges à cause du froid qu'il pouvait bien faire à Anchorage. La vodka dans son verre ? Là pour faire illusion qu'à l'intérieur de son corps, il y faisait 70°. Nah. avait-elle ricané, son coude ayant glissé un peu trop près de son verre au même moment. Woops. À ça de l'avoir renversé dans la neige quelques mètres plus bas. J'suis arrivée hier roh. Elle n'allait pas repartir tout de suite quand même, si ? Elle devait rentrer samedi. Aujourd'hui c'était jeudi. C'est pas vrai. Pis j'ai pas d'plaid. Ici les gens sont plus résistants. Une seconde de lucidité et d'intelligence ! Moi, j'veux toi. Raté. Pourquoi j'peux pas avoir toi ? Elle s'était tournée de nouveau pour regarder vers l'horizon. Les étoiles brillaient bien plus qu'à New York. Tu fais chier. Glamour jusqu'au bout. Pourquoi t'as tout gâché ? La gorge nouée et soudainement les larmes aux yeux.

Il ne sait pas s'il doit s'amuser ou se rendre face à son etat. Elle a clairement un soucis avec l'alcool même si elle tente de se convaincre du contraire. Addiction qui aura sa peau. Et ta couverture de lit ? une image d'elle enroulée dans la couverture lui revient, elle lui adresse un sourire sincère et vient l'embrasser. Ces foutus images mentales viennent trop souvent le déboussoler et lui rappeler celle qu'il a perdu. Moi aussi c'est toi que je veux elle rétorque finalement qu'il a tout gâché. Soupire long et audible. Il finit par dire d'une voix douce : parce que j'avais peur.

Sa vision floutée à cause des larmes rendait les étoiles étonnement beaucoup plus brillantes. Il avait raison, elle devrait rentrer plutôt que de s'entêter sur ce foutu balcon. C'est loin. avait-elle boudé avant que son coude ne glisse et ne fasse chuter le verre pour de bon. Merde ! Comme seule exclamation alors qu'elle déraillait juste complètement. Est-ce que c'était un signe pour lui dire d'arrêter de picoler ? Sûrement. Moi quand j'ai peur, j'me cache sous la couette. avait-elle bêtement répondu en reniflant - rentrant à l'intérieur pour pouvoir refermer et... justement s'exécuter. Non, elle n'avait pas peur. Mais froid. Et même si y'a deux minutes elle lui avait dis que c'était loin... bah pas tant qu'ça en vrai. Peur d'quoi ? qu'elle s'était finalement permise de demander.

Il se redresse un peu plus dans le canapé. Qu'est ce que tu as foutu ? Ça va ? Qu'il s'exprime simplement après qu'elle ait dit merde. Il l'imagine déjà avoir renversé son verre et d'être coupée en ramassant les débris.  La conversation qui prend une tournure sérieuse. Trop. Lui qui n'sait pas vraiment y faire à ce sujet. Poisson qu'il tente de noyer dans de vagues explications. Parce qu'elle ne comprendrait pas le cheminement interne et complexe qui l'a mené vers cet irréparable. Peur de te perdre. ça va paraître con puisqu'au final il a tout fait foirer et accéléré la chute. On s'engueulait tout le temps. Genre on passait pas un jour sans s'lancer un truc à la tronche. elle ne doit définitivement pas le suivre mais tant pis. De toutes façons, elle n'aura probablement pas de souvenirs de cette conversation demain. Lui qui avait cru qu'elle l'aimait assez pour le pardonner, lui qui avait tout saboté pour vérifier...