burn the house down

(outfit) Invitation haute sphère; où cafard comme toi aime se tenir. Parce que l’air est différent, chargé d’une mythomanie misérable. Servie pour s’élever plutôt que pour se protéger. Tu traverses plus souvent qu’autrement ces portes d’un univers qui n’est pas le tient, les nuits d’emmerde. Lorsque les boîtes de nuit ne suffisent plus et que t’as envie de voler une bouteille de parfum chez quelqu’un que tu connais ni d’Adam ni d’Ève. Ça tombe bien, évènement se glisse dans une conversation groupée. Demande rapidement à Oscar s’il vient; refus en réponse. Après quelques insultes amicales et connotations sexuelles, tu profites de ta nuit de congé pour te rendre au quartier précisé. Tu seras ton propre wingman. Même si tu risques davantage d’avoir le nez poudré et l’esprit fracturé.

Manhattan sous les semelles, joint aux lippes. Tu t’assures une dernière fois que ta portière soit bien verrouillée, suivant l’ombre des fêtards qui s'enfoncent dans une maison de l’upper east side. C’est très rapidement que tu te fonds à la masse, attrapant verres et bouteilles traînant sans surveillance. Déhanchement du corps selon le rythme qui avale les conversations. Tous forcés d’approcher les lèvres de l’oreille de l’autre pour souffler ces quelques mots désintéressés. Haleine nicotine et alcool parfois chevauché d’une eau de toilette bonne pour les chiottes. T’es forcé de t’approcher du propriétaire de la maison, main pressée sur le bras et bien penché à son cou. À où sont les toilettes ? Il te répond en haut . Ça te suffit pour quitter l’étage principal, sans entendre l’avertissement offert dans un souffle. Prend celle de la chambre du maître. La poignée est brisée de l’autre.

Perché au deuxième, tu t’enfonces dans un corridor qui débouche sur la porte convoitée. Légèrement entrouverte, tu la pousses de la main tenant une bouteille de gin attrapée en chemin. Puis tu fermes derrière toi. La musique encore dominante fait vibrer le verre du miroir. Affairé à ta tâche, t’en profite même pour te laver les mains après coup. Et lorsque décidé à retourner dans la masse brûlante plus bas, tu te butes à la porte. Une poignée raide dans la paume de main. Remue, secoue. Tourne et râle. Coup de poing sur le bois, y’a quelqu’un ? égaré dans l’air. La dernière chanson se fond dans une nouvelle. Sans silence perceptible entre les notes. L’âme ramollie, tu reviens vers le bain dans lequel tu t’installes. Bouteille de gin contre le ventre. Tu sais que ce n’est qu’une question de temps avant qu’une personne traverse la porte sans que tu t’épuises inutilement à gueuler. T’es pas en danger. Pas pour l'instant.  

(outfit) Ca faisait des lustres que Sixtine n'était pas sortie pour se retourner la tête à une soirée. Il y avait bien eu le nouvel an mais, depuis cette nuit ? Rien. En fait, pendant quatre ans, pas grand chose de plus que des séries sur Netflix ou des jeux de société au fin fond de sa grotte personnelle. Elle s'était renfermée sur elle-même la Ryder. Evidemment qu'elle ne refusait jamais quand quelqu'un pouvait l'inviter quelque part mais, elle ne restait jamais bien longtemps. Rarement au point de finir les pieds vers le plafond et le cerveau sur le point d'imploser. La blonde avait découvert qu'en fait, l'alcool, elle pouvait le boire toute seule. À son domicile. À n'importe quelle heure de la journée. Ce matin ? Y'en avait même eu quelques gouttes dans son café.
Addiction ? Saleté qui s'était accrochée à elle durant sa relation avec Oscar. Pas à cause de leur rupture - même si ça s'était énormément amplifié à partir de ce moment là. Ha, quelle pouffe de Rosaline... Il ne se passait pas une journée sans qu'elle ne maudisse cette dinde. Et son crétin de frère dans la foulée. Frasco. Ouais, Sixtine ne comprenait toujours pas comment Oscar faisait pour supporter cet énergumène. Elle le considérait à peine plus évolué qu'un singe. Et encore, c'était sûrement trop gentil de sa part de l'associé à un animal n'ayant rien demandé.
Quoi qu'il en soit, même si elle et le Donovan s'étaient retrouvés, y'avait encore un long chemin à parcourir et de nombreuses blessures à guérir. Elle avait cédé Sixtine. Mais pas pour rien. Pas pour se jeter dans le vide au bout de quatre ans de lutte. Elle voulait y aller doucement. Qu'ils réapprennent à vivre ensemble. Qu'ils changent. Qu'ils communiquent. Et ça ? Ca ne se faisait pas en claquant des doigts. Suffisamment stressant comme ça pour se mettre la pression et un timing. Si ça devait prendre l'année entière alors... qu'il en soit ainsi.
En attendant et, pour l'heure, y'avait grand besoin de balayer le mois de janvier sous le tapis. C'était pour ça qu'elle se trouvait à cette fête. Pour trinquer à ses progrès personnels. À sa relation sortie de l'eau. À cette purge moins chaotique qu'elle ne l'aurait cru. Un verre levé pour dire merde au passé. Peut-être levé trop haut, trop fort, trop vite. Puisqu'elle s'était retrouvée couverte de Get27 après avoir bousculé quelqu'un. Merde. Pas sur sa bingo card de 2024 d'avoir de la menthe dans ses cheveux... Et sur son haut ! Et... Putain, ça avait même coulé sur ses pompes. Sucre qui commençait déjà à coller. Hors de question de se sentir poisseuse dans ses fringues.

― J'reviens j'vais m'nettoyer. qu'elle avait déclaré à quiconque n'étant pas trop torché pour comprendre ses mots. Sûrement qu'elle allait devoir contacter Oscar pour qu'il la ramène... Au risque qu'il lui tape éventuellement une crise pour être sortie sans lui... Ha... Ou peut-être pas. Peut-être qu'il n'allait rien dire. Juste la regarder d'un air désespéré. Colérique sûrement. Mais silencieux. Putain, ça m'encule les cheveux. avait-elle râlé en tentant de démêler ses pointes avant de prendre sur la droite et d'ouvrir une porte d'un coup de fesse pour ne pas salir la peinture - même si celle-ci était déjà bien dégueu et craquelée. Argh. Je savais que j'aurais dû m'faire un chignon. Alors que d'ici une heure, elle l'aurait sûrement enlevé parce que trop tiré...
Pièce refermée d'un même coup de miches, elle s'était avancée jusqu'à la salle de bain pour faire couler l'eau du robinet et... pousser le cri le plus aigu qui n'ait jamais été dégobillé.

― PUTAIN. Pratiquement la peur de sa vie - corps affalée dans la baignoire, façon cadavre qu'a fait une OD. Seigneur. Frasco ? Elle l'avait reconnu tout de suite. Bon sang. Qu'est-ce que tu branles dans c'bain ? Ses yeux s'étaient posés sur la bouteille entre ses pattes - à des kilomètres de se douter qu'elle s'était enfermée elle aussi avec ce dernier puisque la porte ne disposait plus de son autre partie...