chapitre 2 : fêter le nouvel an - sixtine

Il s'en fout pas mal d'vider son cœur dans le sien, quitte à la déborder avec cet amour qu'il nourri toujours pour elle. Tenace. Pugnace. Une vermine sincère et déconnante. L'passé qui y est pas pour rien. Elle a raison quand elle dit qu'son comportement de con a à voir avec son enfance et les séquelles laissées par ses vieux. Sept mômes dans une barraque trop p'tite. L'espoir d'avoir une vie correcte qui s'casse vite la gueule quand tu partages ta chambre avec trois autres micro-individus. Une lutte instable pour trouver sa place au sein de ce brouillon familial. Gamin fracturé par la vie avant même d'savoir parler. Sans doutes qu'il n'y est jamais parvenu mais les cicatrices elles, sont restées intactes. te voir heureuse avec un autre, j'supporterais pas Ryder. si elle choisissait de jouer les déserteurs et le sortir totalement de sa vie, il en deviendrait fou, surtout si c'est pour un autre. Assez culotté quand on sait qu'ils en sont là aujourd'hui simplement parce qu'il a eu l'audace de se mettre nu avec une autre. Son plus gros regret. De ces situations où l'ont aimerait revenir en arrière simplement pour faire autrement. Décision prise avec impulsivité. Idiotie qui va le suivre son existence entière, il est amer rien que d'y penser. j'vais avoir du mal à me faire tout p'tit, tu crois pas ? Oui, la blague est un peu merdique mais quelques années en arrière, il sait que son public aurait apprécié. Ce n'est peut être plus le cas aujourd'hui. Il s'en passe des choses en quatre ans. Déterminé pourtant à repartir de zéro, il continu de manipuler pour arriver à ses fins, parce qu'il la connait bien.

Sixtine a toujours pris soin d'elle, apparence de velours qui plait aux hommes, il le sait Oscar et c'est d'ailleurs ce qui le rend fou. Pourtant, il la trouve tellement belle qu'il a gardé toutes les photos dans son téléphone. Allure de déesse avec une caractère d'emmerdeuse. Peut être pas parfaite mais elle l'était pour lui en tout cas et dans le fond c'est ce qui compte non ? Mentionner Frasco fout un froid glacial. Ca risque de recommencer, parce que c'est son meilleur pote, plus important encore que sa fratrie sans doutes, amour tout aussi inconditionnel que celui pour Sixtine qu'il porte à son ami de toujours. Elle croit bon d'préciser qu'elle a pris quelques kilos. Foutaises. Il la porte comme si elle n'était pas plus lourde qu'un sac à main. Si les choses avaient été différentes entre eux, il l'aurait pourtant taquiné là dessus mais choisi de se taire pour ce soir, lui qui n'veut pas risquer de tout gâcher. Ses mains autour de ses cuisses pour la maintenir en hauteur, son parfum qui vient s'insinuer comme un venin dans son myocarde. Bordel ça lui avait manqué. Rire qui vient dessiner la courbe virile de sa mâchoire. j'crois pas qu'ils fassent plus haut que ce que tu portes déjà en talons, tu pourras pas me dépasser. Un groupe passe à côté d'eux et il resserre un peu l'étreinte contre ses cuisses pour sécuriser une éventuelle chute. Son cœur rate un foutu battement. A la sentir comme ça contre son dos, sa poitrine qui le frôle, son corps entier se tend. Son palpitant qui s'emballe fermement dans sa poitrine. Il avance jusqu'au métro, le corps de la jeune femme qu'il vient faire glisser, debout sur un fauteuil, histoire que ces collants ne touchent pas le sol. Il se tourne vers elle,  volte face sanglant et déroutant. Un peu plus grande que lui désormais, il lève les yeux vers elle : alors, ça fait quoi d'être plus grande que moi. quelques millimètres seulement séparent son corps du sien. Ses iris ne la quittent pas une seconde, emprise qu'il veut maintenir à flot, parce qu'il le sent qu'elle pourrait céder à ses sentiments enfouis qu'elle refrène depuis quatre ans.

Te voir heureuse avec un autre, j'supporterais pas Ryder. Son cœur avait momentanément lâché - comme un avion en chute libre l'espace de quelques secondes. Pourquoi ne lui avait-il jamais prononcé ces mots du temps où ils étaient encore ensemble ? Ils résonnaient de sincérité et... Bon sang. Il y avait de quoi lui donner les mains moites à la petite Sixtine.

― Donc tu préfères que j'sois malheureuse ? Sympa. qu'elle avait répondu avec un petit rire nerveux. Est-ce qu'elle était malheureuse ? Dans l'immédiat... oui. À cause de lui ? Dans un sens... Oui. Mais, la Ryder ne saurait dire si... c'était parce qu'ils étaient séparés et qu'elle avait besoin de lui ou, si c'était parce qu'elle était encore seule depuis quatre ans - avec lui pour boulet accroché à sa cheville. Pft, t'es con. qu'on avait cependant pu l'entendre pouffer dans son dos. Humour douteux... Il avait toujours su la faire ricaner. Même à ses blagues les plus médiocres. Avec de l'alcool dans l'sang ? Il ne pouvait pas rêver meilleur public l'Donovan.
Quoi qu'il soit, elle était désormais perchée sur son dos et... priait sérieusement pour qu'il n'entende pas son palpitant s'emballer tout contre lui.

― Tu veux parier ? J'suis sûre que j'pourrais me trouver des talons d'enfer dans une boutique de drag queens. Elles ont toujours des chaussures incroyables. avait-elle commenté, toujours en riant - quoi qu'avec un léger hoquet sur les lèvres à cause de ses mains qui s'étaient resserrées sur ses cuisses dénudées. Et quand il l'avait déposé sur ce siège ? Il lui avait fallu plusieurs secondes pour percuter et revenir sur terre. Ses mains sur ses épaules, les pointes de ses cheveux frôlant presque son visage... Les joues rouges. C'est... euh... Elle bégayait ? Elle bégayait. D'ici, elle pouvait sentir son souffle sur sa peau. Elle pouvait sentir son torse la frôler. Ca fait qu'j'ai une super vue sur les toiles d'araignée. Et... comment ils ont réussi à foutre un paquet d'clopes ici ? Les sourcils froncés, elle avait levé le menton pour observer les poutres métalliques du métro juste au dessus d'eux. Il arrive, aide moi à descendre. Elle ne lui avait pas demandé son avis en fait, elle s'était contentée d'agripper son avant-bras et de poser un pied au sol - puis l'autre. Cependant, au vu du monde... ses ongles s'étaient plantés dans sa peau et... Oké, c'était quoi ce bazar au juste ? Pourquoi ils étaient soudainement une centaine à vouloir rentrer dans la rame ? La prochaine fois, j'ferais le nouvel an à la maison. La panique pouvait se faire sentir dans sa voix. Elle n'aimait pas être touchée par des inconnus. Bourrés en plus pour certains. Foutu métro New-Yorkais.

Oscar sans doutes plus expansif aujourd'hui qu'ils ne sont plus vraiment ensemble, arguments qu'il veut percutant pour la convaincre de revenir vers lui. Puis quand on y pense, elle n'a jamais demandé et lui avait toujours pensé qu'elle savait en fait, qu'il n'avait pas besoin de le dire. non j'veux que tu sois avec moi. et ce n'est pas synonyme d'être malheureuse n'est ce pas ? Après tout, avec tout ce qu'ils ont vécu, haut et bas inclus, ils étaient heureux avant qu'Oscar ne vienne tout gâcher avec sa queue. Lui l'était en tout cas. La seule capable de lui faire vivre toutes ses émotions. Un vrai roller coaster de passer sa vie avec elle. S'ils passaient le plus clair de leurs temps à se disputer, il étaient plus amoureux que jamais, un truc fort, inconditionnel et incomparable. Et ça lui manque bordel. Comme ce sourire qu'il vient de réussi à lui décrocher. Et sa repartie, il en a le cœur qui chavire.

La belle contre lui, son palpitant qui vibre en rythme avec le sien, il souhaiterait que ce moment dure une folle éternité. Il sait pourtant que ce ne sera pas le cas et prend les devants pour l'installer sur une chaise avant qu'elle ne lui ordonne de la faire descendre. L'espace de quelques secondes, leurs deux souffles se percutent dans le froid du mois d'décembre mais elle vient descendre -et lui broyer le bras-, délaissant cet instant doux et agréable. Ses pieds qu'elle pose au sol sans remettre ses chaussures, ça lui donne envie d'grogner au Donovan. Au pire, il aurait pu continuer à la porte, pas b'soin de descendre. La foule s'agglutine rapidement à l'intérieur de la rame, emportant leurs deux corps avec elle. Sa main se pose autour de Sixtine, instinct protecteur qui refait surface. Si y'en a un seul qui vient entrer dans sa bulle ou pire, lui marcher sur les pieds, il passera un sale quart d'heure. De sa main libre, il entraine la belle un peu plus loin dans le wagon et insiste fermement pour qu'elle s'installe sur une place libre -enfin libre depuis quelques secondes...- et vient refermer ses bras en hauteur, juste au dessus pour la préserver de ce monde extérieur trop bruyant.

Iris qui s'posent sur elle, le sourire aux lèvres. ça va. Plus qu'quatre arrêts et j'te porte jusqu'au karaoké s'tu veux. sa voix est douce et rauque à la fois. La protéger, il considère que c'est sa mission première dans c'monde, même avant qu'ils ne s'mettent ensemble, il avait cette fâcheuse tendance à anticiper les difficultés pour qu'elle n'y soit pas confronté. Personne pour lui faire du mal. A part lui en fait. Parce que finalement, il est l'seul qui lui fait vraiment du mal. Paradoxe délicat. Il va quand même pas s'casser la gueule.

C'était définitivement pour ces raisons là que Sixtine s'était éloignée d'Oscar pendant quatre ans. Le Donovan était un beau parleur... Très doué. Trop. Il suffisait qu'il ouvre la bouche, sourit un peu, fasse ses yeux doux et... C'était foutu. Elle ne voulait pas plier la Ryder, mais, face à lui ? Face à la réincarnation de Marlon Brando ? C'était un challenge compliqué. Elle n'avait donc pas relevé ses mots même si ces derniers l'avaient transpercé en plein cœur.
À la place, elle s'était contentée de redescendre de la petite chaise où il l'avait déposé pour pouvoir rentrer dans le wagon. Pas que son dos soit peu confortable - au contraire, celui-ci était large et agréable. Mais, elle risquait d'être définitivement trop haute et de se cogner. Et puis, c'était blindé. Non seulement elle risquait de se faire photographier sous sa robe, mais aussi de gêner les gens. Donc oui. Même si le sol du métro était dégueulasse, ses chaussures étaient restées dans ses doigts et elle s'était avancée à l'intérieur en priant pour ne pas se faire écraser. Serrés comme des sardines, à pouvoir sentir la respiration et transpiration de tout le monde. Ew.

― J'pouvais rester debout ! avait-elle ronchonné après qu'il l'ait presque obligé à s'asseoir sur un siège tout juste libéré. Son bras autour d'elle aurait suffit... D'ailleurs, ça lui avait arraché quelques frissons dans sa colonne vertébrale. Juste assez pour en prendre conscience et ne se focaliser que dessus... Mais là ? Penché au dessus d'elle ? Avec ses bras tendus de cette manière ? La blonde crut défaillir l'espace d'un instant. Ouais, non, être assise c'était pas plus mal au final. J'veux bien. s'était-elle exclamée en retour avant qu'une secousse assez brutale - marquant l'arrêt en plein milieu de la voie - ne se fasse ressentir, l'obligeant ainsi à passer instinctivement ses bras autour de sa taille pour s'y agripper. C'est tellement bondé que ça doit bouchonner devant. Ils pourraient au moins rouler moins vite ! Contre le bas de son ventre, toujours serrée à lui sans réfléchir. Comme avant. Comme y'a quatre ans. Comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Oh, euh, pardon. qu'elle avait juste eu le temps de dire avant de réaliser leur proximité et de partir se cacher derrière ses cheveux de blé.

L'cœur en friche depuis qu'elle est partie. Abîmé. Responsable d'son propre malheur vous me direz. Il aurait pu très facilement s'éviter de tout gâcher, les excuses qu'il convoite par milliers mais aucune assez bonne pour servir de remède. Ses mots -même les plus adroits- ne peuvent suffire à se faire pardonner. Il le sait mais il s'accroche fiévreusement à l'idée qu'un jour elle le fasse, parce que sa vie sans elle est bien maussade et manque de chaleur. quelqu'un aurait fini par t'marcher sur le pied. qu'il répond simplement alors qu'elle bougonne, ton qui sonne autoritaire. D'toutes façons, elle râle plus par principe qu'autre chose, elle est bien contente d'être assise, c'est juste une chieuse. Il regarde par la fenêtre et son sourire s'élargit quand elle précise qu'elle veut bien qu'il la porte à nouveau sur le retour. Vous savez, ce sourire entre sincérité et suffisance absolument délectable pour les yeux. Son corps qui la surplombe de plusieurs centimètres, encore plus maintenant qu'elle est assise et lui debout. Ses muscles qui se tendent, un bras appuyé sur la barre, l'autre contre la vitre, position protectrice.

Des secousses viennent bousculer ce petit monde, Oscar lui aussi se retrouve propulser vers l'avant, son corps qui frôle celui de sixtine avant qu'elle ne s'accroche à lui de toutes ses forces, ses mains autour de son ventre, sa tête contre son abdomen. Il la laisse faire. Bien sur qu'il la laisse faire. Comment pourrait il en être autrement alors qu'il n'attend que ça depuis des mois, des années. Ce simple contact le propulse dans les tréfonds de sa mémoire, à l'époque où ils étaient heureux ensemble. Amoureux. Lui l'est toujours. Elle aussi non ? Elle l'a dit au téléphone l'autre jour et Oscar se persuade depuis que c'est la vérité. Lui qui s'attache à c'détail parce que c'est ce qui ressemble le plus à une once d'espoir dans sa tête. Qu'elle pour faire battre son cœur comme ça bordel. on aurait du prend un uber. Elle finit par sortir de cette étreinte et y'a comme un frisson qui vient lui ternir le myocarde, une fraicheur désagréable sur son corps. c'est bon, on a déjà vécu plus intime tu sais ? ah cette insolence, cette arrogance qui le caractérise. C'est presque douloureux de s'dire qu'il faut qu'ils se retrouvent dans une rame de métro bondée pour qu'elle s'accroche de cette façon à lui. on descend au prochain non ? Trop de monde. Tellement qu'il ne voit pas les arrêts défiler. Il se tourne ceci dit pour qu'elle monte sur son dos à nouveau. viens, au pire on finira à pieds.

Il n'était pas complètement dans le faux, le métro était blindé de monde et... avoir quitté ses talons avant d'embarquer dedans sans les renfiler ? Très très mauvaise idée. Elle allait devoir se les laver au karcher pour se débarrasser de la crasse - et prier pour ne rien avoir choppé de répugnant en cours de route. M'enfin... Elle était assise maintenant alors, il ne lui restait plus qu'à attendre le bon arrêt pour qu'ils puissent descendre.
Oscar ? Il était imposant au dessus d'elle... avec ses bras pour empêcher quiconque de l'approcher ou de lui tomber dessus. Il ne bougeait pas d'un cil en plus... même quand la rame avait brusquement freiné (ou presque). Parce que si son corps s'était penché en avant, c'était la Ryder qui était venue le chercher au bout du compte - ses bras autour de sa taille pour se retenir de voler sur son voisin de gauche.

― J'ose pas imaginer l'prix ni le trafic là-haut. New York était une ville qui ne dormait jamais. Il y avait constamment de la circulation... à 2h du mat' comme à 21h ou 15h. En période de fêtes ? Un cauchemar sans nom, les transports genre taxis et ubers s'en mettaient plein les fouilles. Le métro à côté ? Un palace.
Et elle aurait pu épiloguer là-dessus pendant des heures, ramener sa science comme à son habitude et plomber l'ambiance au passage, mais... L'Donovan avait largué des mots suffisamment choquants pour l'en empêcher. Un coup avait même failli partir dans ses burnes - retenu à la dernière seconde pour finalement laisser partir sa main sur l'un de ses bras et y laisser une petite trace rouge. T'es con ! avait-elle répondu, le rose aux joues. Évidemment qu'ils s'étaient déjà montrés plus intimes l'un envers l'autre... Et ça remontait à tellement loin d'ailleurs... Mais ça n'était pas une raison ! Ils ne s'étaient pas touchés depuis... Bah depuis la purge de 2023 en fait. Et encore. Est-ce qu'on pouvait réellement qualifier ça de contact humain ? J'te suis. Parce qu'au beau milieu des gens, Sixtine risquait d'en claquer quelques uns pour leur rappeler qu'ils étaient en communauté et pas seuls au monde. Si, si, vous savez, ces gens qui s'arrêtent de marcher sans prévenir, qui ne s'écartent pas du passage au moment de sortir, qui ne se poussent pas pour laisser les gens descendre... Ouais... Ces gens là.
Quoi qu'il en soit, même s'il l'avait chambré, la blonde était retournée sur son dos pour terminer le trajet. Offert si gentiment, pourquoi refuser ? Peut-être même qu'elle allait lui mettre des coups de pieds dans les cuisses pour qu'il avance plus vite..... (non, mais elle pourrait !). Oh ça m'rappelle tellement d'souvenirs! Putain l'entrée n'a pas changé. qu'elle avait déclaré après qu'ils soient arrivés devant le Red. Ses yeux pétillaient et, si on s'y concentrait un peu, on pouvait y voir tout un tas d'images de leur passé. Lui qui chante comme un pied et à s'en péter les cordes vocales, elle qui monopolise une chaise pour danser dessus et sautiller en priant pour ne pas se fouler une cheville.
Même pas le temps de le regarder qu'elle s'était jetée à l'intérieur en l'y tirant comme une sauvageonne - toujours dans sa grande délicatesse Six. Woaaaah, c'est toujours l'même gérant !

― Oh mon Dieu, c'est pas vrai. Pas vous. qu'il s'était d'ailleurs exclamé après les avoir reconnu - faisant mine de se cacher. Bah ça alors, si j'm'attendais à vous r'croiser ici tous les deux. Si Oscar était revenu ici quelques fois avec Frasco, en ce qui concernait Sixtine ? Ca devait remonter même à encore plus loin qu'y'a 4 ans. Mais visiblement, pas assez longtemps pour qu'il ait oublié le duo. Qu'est-ce que vous d'venez ?

La question fatidique.
Eh bien.... on est...... mariés.... mais séparés........... Sixtine détestait ces discussions là mais, l'type était quelqu'un d'bien. De trop gentil et tolérant (sauf en ce qui concernait le fait de souiller ses salles de karaoke avec des bisous langoureux).

― Eh bah euh, on est mariés. qu'elle avait alors répondu nerveusement et sans mentionner le reste derrière.

Ils ne s'étaient plus touchés ainsi depuis quatre ans et le pincement au cœur provoqué par cette esquisse ne le laisse pas indifférent. Pourtant, il fait son intéressant, il agit comme un gosse, immaturité qui gronde encore en lui. Il chambre comme s'ils ne s'étaient jamais quitté, espérant lors de cette soirée la retrouver comme avant, comme si rien n'était arrivé, comme s'il n'avait pas fauté. Si seulement il pouvait revenir en arrière et tirer un trait sur cette affaire. Former un eux à nouveau. Une fois devant l'bar, elle saute de son dos en l'tirant fermement vers l'intérieur. Les bons souvenirs qui le lient à cet endroit qui ne font qu'ajouter à cette sensation terrifiante et enivrante de la retrouver comme avant. Oscar n'est pas revenu dans l'coin souvent, quelques soirées arrosées en compagnie de Frasco, son meilleur pote mais rien de plus. Des lustres que Sixtine et Oscar n'ont pas partagé un moment tous les deux, autre qu'une engueulade en tout cas. Parce que de ce côté, il y en avait eu un paquet, le jeune garagiste avait été affublé de tous les petits noms d'oiseaux possibles et imaginables.

La question tombe. Futile et pourtant si importante. Oscar redresse le regard vers Sixtine pour tenter d'y trouver la réponse dans ses iris à elle. C'est une bonne question ça, qu'est ce qu'ils deviennent ? En tout honnêteté, le partisan des godfathers n'aurait qu'une réponse évasive à fournir : j'en sais rien. Son cœur rate un battement quand sa femme précise qu'ils sont mariés. Ok, c'est vrai que c'est un fait mais elle disait depuis quatre ans à quiconque le demandait qu'ils n'étaient plus ensemble. Figé sur sa silhouette, les traits de son visage qu'il admire sans pouvoir prononcer le moindre mot, il est paralysé.

Il ne rebondit par sur le sujet, si ce soir elle accepte de les voir mariés et pas séparés, alors il compte bien en profiter. tu nous sers deux bières ? qu'il dit, cette fois au moins, ils sont en âge de consommer, ce qui n'était pas tout à fait le cas à l'époque où ils trainaient dans le coin à s'bécoter sur scène. Il appuie ses deux coudes contre le bar, iris malicieux qui glisse sur sixtine. c'est agréable de te l'entendre dire. qu'il avoue dans un murmure rauque contre son oreille. Oui, il en crève depuis des mois, des années, attendant un signe de sa part. Ce soir, il est là. Petit, infime même mais bien présent. Leurs yeux se trouvent et se cherchent. Papillons dans l'ventre et tout le tralala, même après tout ce temps la blonde a cet effet incroyable sur lui. Et l'espace de quelques secondes, c'est comme si le temps s'arrête pour eux. Dans cette salle, ils sont seuls et s'observent, le regard du Donovan qui vire rapidement jusqu'aux lèvres de la jeune femme. Trop tôt mais il en crève pourtant d'envie. alors on chante quoi ? Pour une soirée du premier de l'an, les lieux ne sont finalement pas si fréquentés. Evidemment quelques habitués sont présents, prêt à en découdre avec le micro et deux trop groupes d'individus trop alcoolisés trainent aussi dans un coin de la salle mais ça reste peu. Grease ? qu'il ajoute, des souvenirs de ce tube vociférer à en réveiller les voisins, chorégraphie à l'appuie. Et quand on y réfléchi, elle est aujourd'hui clairement d'actualité cette chanson.

Des années étaient peut-être passées mais, à l'intérieur du Red, c'était comme si elles ne s'étaient jamais écoulées. Le gérant était le même, la tapisserie aussi, sans parler des traces au plafond ou sur le bois du bar à cause des gens pas foutus d'utiliser des dessous de verres. Un véritable bond dans le temps - de quoi la rendre nostalgique au point de cacher une partie de la vérité à propos d'eux. Mariés ? Ils l'étaient toujours... Sur le papier. Elle ne portait plus sa bague depuis le drame - encore perdue dans l'appartement, sûrement sous un meuble. Et ils n'avaient pas non plus partagé un lit en quatre ans. Toutefois, ça aurait été idiot d'être complètement honnête avec ce type. Oui, ça aurait été étrange de se présenter autrement. Et... La Ryder n'était pas non plus tout à fait d'humeur à ce qu'on lui pose des questions
"Pourquoi ?", "Mais vous allez vous rabibocher, non ?", "Oh je suis désolé, mais que faites vous là du coup ?" Au diable les interrogatoires. Sixtine voulait qu'on la laisse vivre sa soirée en paix. Qu'on ne sollicite pas son cerveau ni sa bonne conscience. Pour une fois. Pour quelques heures.

― J'allais pas lui raconter nos problèmes quand même. avait-elle répondu non sans frissonner à sa proximité et d'une voix aussi basse que la sienne pour qu'il ne puisse pas les entendre.

Agréable ? Est-ce que ça l'était vraiment ? Et... pour elle ? La blonde s'était posée la question dans sa tête mais, elle n'avait pas été capable de trancher, trop perturbée par son regard. Ses orbes dans les siennes. Puis plus bas. Et... Putain. Il était vraiment fort à ce jeu là Oscar. Vraiment doué pour placer ses pions et ne pas en rater une miette. Sixtine adorait quand il faisait ça. Et détestait tout autant. Parce que pour fuir ou feindre la parfaite indifférence ? Fallait s'accrocher. Du haut de son mètre quatre-vingt dix et du bas de son mètre soixante, y'avait suffisamment d'espace pour ne pas perdre la tête... Mais l'Donovan, c'était quand même un sacré adversaire. Pas besoin qu'ils soient à quelques millimètres pour qu'elle en crève. Juste un regard. Juste un sourire. Juste le son de sa voix dans ses oreilles.
Pas pour rien qu'elle en était tombée amoureuse et qu'elle s'y était menottée par le bout du doigt.

― Hm. J'sais pas. (...) Ha non, pas Grease ! Grosse faiblesse pour la relation à l'écran entre John Travolta et Olivia mais, cette chanson... You're The One That I Want... Il allait lui falloir au moins deux autres verres dans le sang pour se laisser duper. Les signaux ne pouvaient pas être plus visibles ni plus clairs. Elle l'avait bien compris Sixtine. Mais une part d'elle ne lui pardonnerait pas de le laisser gagner la partie si facilement et si rapidement. Lutter ? Elle en était capable la Ryder. 4 ans à le tenir loin d'elle. Pas pour qu'en deux soirées il parvienne à recoller les morceaux ! Ça non. J'veux chanter All Star de Smash Mouth ! Ou plus communément appelée "la chanson dans Shrek". Parce que si Sixtine pouvait bien gueuler sur de la musique, autant que celle-ci soit légendaire. Et après ça, une des Pussycat Dolls. Don't Cha par exemple. Ou When I Grow Up. Elle voulait voir Oscar sur une musique de meufs. D'un girlsband. Et après, peut-être, qu'elle lui permettra de demander au gérant de mettre Grease. Peut-être. Ou Justin Timberlake passera par là juste avant. J'ai pas chanté depuis des lustres j'suis rouillée, j'te préviens. Faux. Les tubes de shampooing dans sa salle de bain étaient témoins de ses spectacles tous les matins et tous les soirs. Quoi qu'il en soit, une fois sa bière sous le nez, la Ryder s'était rapprochée de la scène pour récupérer un micro puis s'était avancée vers le Donovan pour lui donner le sien. Tiens Freddy, et j'veux t'entendre hein. Elle se souvenait encore de la première fois où ils étaient venus. À être deux timides..Deux réservés. À avoir peur de se taper la honte. Surtout Scar le mystérieux. "Non vas-y la première j'te regarde faire". Difficile de péter la vitre du regard des gens. De faire comme si y'avait qu'eux. Ça a pris du temps pour qu'ils soient à l'aise. Du temps et de la confiance. Chose étrangement pas perdue puisqu'à peine les premières notes de sorties, Sixtine s'était mises à suivre les paroles sur l'écran et chanter d'une façon un peu trop passionnée. De quoi faire trembler Broadway. Littéralement. Magnitude 7.

Ces derniers jours sont comme une bouffée d'oxygène, déroutants et jouissifs. L'impression de la retrouver. Au moins un peu. Et franchement, si déjà elle veut bien passer un peu de temps avec lui, il se contentera de ça. Il sait bien que cette soirée n'ira pas plus loin qu'un moment amusant entre... amis ? Elle le qualifie de mari ce soir pourtant, sa bague qu'il porte encore lui. Il ne l'a jamais retiré, vestige du passé auquel il s'accroche avec acharnement, comme si ça pouvait changer quelque chose. nous pourtant, on devrait en parler. qu'il répond simplement, elle a toujours été fermée à une simple discussion. mais pas ce soir. qu'il ajoute avant de venir commander deux bières. Ce soir, c'est différent non ? Profiter de l'instant, faire comme si ces fameux problèmes étaient inexistants. Fermer les yeux et jouer un rôle. Juste pour la retrouver. Et si ça ne dure qu'une nuit, ce sera une de plus avec elle. Et qui sait, peut être le début du renouveau. Oscar qui n'a de toutes façons jamais perdu espoir. Encore accroc. Parce que Sixtine, c'est comme une foutue drogue, quand on a commencé à l'aimer, pas moyen d'arrêter. Il suffit qu'elle lui adresse un tout petit peu d'intérêt pour qu'il se traine à ses pieds comme un clébard. Y'en a des choses sur lesquelles il pourrait tirer un trait pour qu'elle le pardonne et ça malgré une personnalité affirmée, c'est juste que c'est elle. Prêt à exploser juste parce qu'il a trop peur de véritablement la perdre. A jamais.

La première fois, il croit se souvenir que c'est Ryder qui l'a trainé ici, les yeux émerveillés, elle l'avait poussé à l'intérieur alors qu'lui était là : je chanterais pas. Promesse interne qu'il avait vite abandonné au profit de ce sourire qu'elle donne Sixtine. Juste ça. Juste la rendre heureuse suffit à faire ce genre de conneries. Ce sourire là, qu'elle est en train d'avoir à cet instant précis. Alors il avale une gorgée de bière et récupère le micro qu'elle lui tend avant de venir la rejoindre sur scène. Il l'observe dans un premier temps, attendrie par ce qui se joue devant lui, elle donne tout, s'égosille sur la musique et bordel elle est belle. Les casseroles sont pourtant de sortie puisque la jolie jeune femme chante vraiment très mal. Il se joint finalement à la partie et chante à ses côtés, sa voix grave qui vient parfois couvrir les élans de folie de Sixtine. Sourires, regards à la dérobée. Bordel ce que c'est bon d'la retrouver. Intimité retrouvée. Les notes de la fin sonnent pourtant, laissant les deux jeunes gens se regarder quelques secondes dans les yeux. Un de ses instants magiques dans la vie vous savez, du genre avant le premier baiser. Une bulle à deux. Les cœurs qui s'échauffent. Ses iris qui se teintent de douceur, ces lèvres qui dessinent son visage pour le rendre plus tendre.

Oui. Il a envie d'l'embrasser. Bon vous descendez ? qu'elle lâche avant d'prendre le micro des mains d'Oscar. Elle a l'air pressée de chanter la prochaine. Il fronce les sourcils, un peu agacé qu'elle vienne de gâcher ce moment mais abdique et vient descendre les quelques marches qui le sépare du sol avant de se tourner et tendre une main vers sa femme. Quoi elle l'a dit non ? Elle est sa femme. Elle manque d'ailleurs de se vautrer et il vient glisser sa seconde main sur la taille de la jeune femme, sourire aux lèvres. Une fois cette dernière avec lui sur la terre ferme, il précise : j'avais oublié que tu chantais aussi mal. rire délicat. Il retire la main qui couvre sa hanche sans la quitter des yeux pour autant.

Elle savait très bien que tôt ou tard, Oscar et elle allaient devoir discuter de leur mariage. Elle avait beau ne plus porter son alliance et cela faisait peut-être quatre ans maintenant qu'elle se considérait comme étant séparée de lui ; ça n'était pas totalement ni officiellement le cas. C'était flou. C'était poussé sous le tapis comme de la poussière. C'était suspendu dans le temps. Piégé dans un sablier qui ne faisait que de se retourner en boucle - sans laisser d'espoir aux grains à l'intérieur de pouvoir chuter de l'autre côté du verre.

― Hm.

Définitivement pas le moment ni le bon endroit pour discuter de tout ça, mais, à la différence des fois précédentes... y'avait eu un peu d'approbation dans son regard. Un petit hochement de la tête. Suffisant pour faire comprendre au Donovan que, oui, ils allaient aborder le sujet... dans un futur proche.
Mais pour l'instant ? L'heure était au pétage de cordes vocales. Et dans ce domaine ? Sixtine était plutôt douée. Même trop. Y'avait de ces regards sur elle... Ceux où on peut très clairement y voir des supplications pour que le cauchemar auditif s'arrête. C'était pas la pire qu'on se le dise, mais, lors des aigus ? La blonde avait de quoi éclater du cristal si elle en avait envie. Heureusement pour les spectateurs, une bonne femme était venue leur arracher la scène. De quoi faire marrer Sixtine - complètement essoufflée à force de sautiller de partout et de se prendre pour Maria Carey ou Beyoncé au Madison Square Garden.

― Hé ! J'te permets pas ! Surtout quand toi tu chantes comme le père noël ou un vieux d'80 ans qu'a pas évolué avec son temps. qu'elle s'était mise à rire tout en respirant très lourdement, rattrapée de justesse par ce dernier à cause de ces foutues marches pas droites. Elle était couverte de sueur et rouge à cause de l'alcool et de l'énergie épuisée à brailler. Tellement rincée qu'elle ne s'était pas rendue compte de ses mains sur elle. En fait, elle ne l'avait réalisé qu'une fois que ces dernières l'avaient quitté. Sensation étrange de fraîcheur. Comme s'il y avait laissé des empreintes et que tout était chaud autour. J'me suis pas autant amusée d'puis des lustres. qu'elle avait toutefois ajouté, ventilant sa nuque après avoir soulevé sa chevelure. Il fallait au moins admettre ça : avec Oscar, Sixtine ne s'ennuyait jamais. Est-ce que ça avait appliqué du baume sur son cœur et dans sa tête ? Oui. Assez pour que sa garde se soit pleinement baissée en tout cas. Mais j'crois qu'on va s'faire virer à force de monopoliser les micros. L'autre qui avait commencé à chanter continuait de les regarder d'un sale œil. L'air de dire "regardez comme moi ma voix les gens l'adorent !". Une artiste ratée désirant prouver sa valeur sûrement. Et qui n'avait du coup trouvé le réconfort que chez le publique d'un karaoké. Triste. Quelle heure c'est ? Question rhétorique, elle avait regardé sur une vieille horloge accrochée au mur à côté de l'entrée. 3h30. Bon sang. Déjà ? Va falloir ramener Cendrillon chez elle. Sinon elle risque de douiller quand elle va devoir reprendre le boulot. Elle avait pris sa journée du premier janvier mais, si celle-ci n'était reposante qu'à moitié... Ca n'allait pas le faire. À ses mots d'ailleurs, elle avait complètement abandonné l'idée de rentrer seule ou avec le brun dans son ombre. Parce que miss têtue et indépendante avait voulu instaurer des limites inutiles et qu'elle s'en était rendue compte qu'après coup. Autant qu'il la ramène, ils n'étaient honnêtement plus vraiment à ça près... En fait, elle ne se rappelait même plus pourquoi elle s'était montrée ferme là-dessus. L'alcool sûrement. C'était quoi de se faire raccompagner d'abord ? Rien, si ?
Tellement de portes laissées inconsciemment ouvertes. Le cœur qui luttait avec son cerveau en plaçant sournoisement des pions de manière à ne pas l'alarmer. Signaux discrets postionnés ça et là, recouverts de sérotonine et de souvenirs. La nostalgie pour camoufler ce rapprochement qui avait de plus en plus des allures d'inévitable. Mais pas question d'reprendre le métro. Tant pis j'vais commander un uber. La note allait être salée mais, à cette heure ? Il devait sûrement y avoir moins de gens dans le besoin. Le plus gros avait dû être ramassé aux alentours de minuit et une heure.